Sunmi Kim : Tout mon travail est centré sur le lien et la relation aux autres, à l’environnement, à la nature, mais surtout à soi-même.
« Tout mon travail est centré sur le lien et la relation aux autres, à l’environnement, à la nature, mais surtout à soi-même. Quand j’étais “sortie de mon corps” et que je le voyais du dessus, je me disais, au fond, on peut même être séparé de soi et donc être relié (re-lié). La plupart de mes installations photographiques traitent de la relation aux autres mais le plus souvent c’est de la réunification d’un tout dont il s’agit. Comme pour mieux revenir aux origines et à la naissance. C’est ce que j’aborde dans mes grandes installations baptisées refuges intérieurs. Ce sont comme des nids ou des berceaux dans lesquels on peut entrer et se laisser bercer. un espace protégé et protecteur, comme sacré. Pour moi, ces refuges intérieurs symbolisent un rai de lumière. La lumière de la vie. » Sunmi KIM
Fortement marqué par le grave accident qu’elle a eu enfant et où elle a frôlé la mort, tout le travail de Sunmi KIM s’ancre autour de ce lien que l’artiste recrée entre les mondes intérieur et extérieur. Lors de sa lente sortie du coma, elle se souvient d’une lumière blanche qui effaçait tout, masquait sa vision, les silhouettes qu’elle percevait…À l’aide de fils rouges qu’elle insère tantôt sous la surface de ses tableaux, tantôt en tension dans ses œuvres protéiformes – peintures, installations, photographies ou performances –, elle n’a de cesse de tisser des liens dans l’espace.
J’étais cassée de partout !
« J’étais cassée de partout, la colonne vertébrale, les membres, la tête… J’avais tellement de fractures qu’on ne pouvait pas me plâtrer entièrement, alors on m’a immobilisée en m’attachant de partout. Quand j’ai été mieux, ma mère m’a donné de quoi dessiner et faire de l’origami. Pendant de longs mois, je n’ai rien pu faire d’autre que voyager mentalement. Je me souviens avoir observé mon corps… du haut de mon corps. Je visualisais les lignes et les plis de tout l’attirail qui m’entourait et je faisais de l’origami mental. »
Dans son travail sur toile, l’artiste interroge toujours la notion de relation entre les êtres et les liens qui unissent différents points de l’espace ou différentes formes entre elles. La préparation de ses toiles est une étape cruciale au cours de laquelle elle applique différentes couches de matières minérales – du sable le plus brut à la poudre de marbre – avant de les polir et les recouvrir successivement pour obtenir la surface la plus lisse possible. Quand elle estime que le support est enfin prêt, elle pose ses fils, tantôt selon des formes géométriques le plus souvent inspirées de l’origami et des formes déployées des plis du papier, tantôt en vue de relier différents éléments entre eux dans l’espace. Puis elle les recouvre encore de quelques couches supplémentaires avant d’intervenir – ou pas – avec les pigments et la couleur.
« Même si cela ne se voit pas, j’ai mis 80 % de mon énergie pour réaliser une œuvre avant de commencer à peindre. Lors de cette phase de concentration méditative, je me vide de mes envies et de mes désirs avant de placer des images ou de raconter une histoire. Cela me permet d’arriver à l’essentiel. En procédant de la sorte, l’acte de peindre devient comme le geste en calligraphie. Il n’y a plus de place pour l’erreur car, quand je pose les pigments et la peinture, le support minéral absorbe la couleur. La figure que je peins vient ainsi s’inscrire en profondeur dans les différentes couches. On ne peut plus revenir en arrière. »
Sunmi KIM | L’espoir à fleur de peau
Exposition du 26 mai au 8 juillet 2023
GALERIE LÉLIA MORDOCH
50 rue Mazarine
75006 Paris
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