Olympe Racana-Weiler : Journal à l’Hôtel Richer de Belleval
Olympe Racana-Weilehttps://olymperacanaweiler.com/r vit sa peinture comme un danseur vit la musique, et aujourd’hui elle vit de sa peinture tout en continuant de danser ;-). Elle compte dorénavant parmi les cinq créateurs qui ont réalisé des œuvres pérennes, au cœur du bâtiment emblématique qu’est l’Hôtel Richer de Belleval, à savoir Jim Dine, Abdelkader Benchamma, Marlène Mocquet, Jan Fabre, et donc Olympe Racana-Weiler. Sa nouvelle exposition s’intitule Journal car la pratique de Racana-Weiler se construit au jour le jour. Invitée par Numa Hambursin à investir l’hôtel Richer de Belleval pour la Fondation GGL, elle avait réalisé une œuvre abstraite, immersive, intitulée Le Chant de la Sibylle dans le boudoir qui mène aux chambres, en peignant une salle entière, murs et plafond, un mois durant. L’Antre de Sybille au bout duquel la prophétesse de Cumes, est une évocation de la fin des temps dans l’Antiquité mais aussi dans la liturgie médiévale.
Dans l’exposition Journal, le commissaire de l’exposition Richard Leydier, confronte les oeuvres abstraites d’Olympe Racana-Weiler et ses gravures sur bois, montrant ainsi deux pans de sa création, le troisième, étant la sculpture qui l’occupe depuis peu, car ce qui l’intéresse c’est de continuer à apprendre pour mieux comprendre la création. Guider aussi par son instinct, son énergie et son envie de rencontrer des artisans dans leurs ateliers, elle désire parfaire une œuvre commune. Olympe Racana-Weiler, est la première à ouvrir le bal d’une succession de trois figures féminines de l’art contemporain. Née en 1990,Olympe Racana-Weiler, vit et travaille à Paris. Exposition visible jusqu’au 9 septembre 2023 à la Fondation GGL.
“Mes peintures sont les témoins d’étapes qui s’imposent à moi. Elles sont liées non pas à la mémoire mais à mes émotions.” Olympe Racana-Weiler
Olympe Racana-Weiler par Richard Leydier
Pourquoi ce titre, Journal ?
Lorsque j’ai réalisé le Chant de la Sibylle, œuvre pérenne au premier étage de l’Hôtel Richer de Belleval, j’ai réouvert le champ de la figure. Au fusain sur papier blanc, j’ai réalisé en trois jours un ensemble de cinquante-deux visages dans un cahier, dessins que j’ai ensuite dégrafés pour les disposer sur les murs de mon atelier. Avec un désir de représenter, mais sans image à l’appui, ils sont arrivés, ou revenus par ma main. Ils me disaient quelque chose ou quelqu’un, ils étaient sur le point de dire. Ils me sont apparus comme le versant de la pièce de l’Hôtel, son écho, ses spectateurs ou habitants. Il y a quelques années, j’avais arrêté d’aborder la figure a un moment clé, un deuil, une mémoire trop brutale à quitter alors. J’ai parcouru certaines parties du monde avec une caméra, un appareil photo. Je voulais capter, voir et vivre. La peinture est revenue en une forme de jubilation, délivrée de moi-même, de l’aspect personnel de l’image pour finalement laisser place à une intime relation à la couleur, à la matière, à l’orientation du hasard, je voulais l’aider un peu pour mettre en doute ce qui s’y raconte. Je suis attachée à cette histoire de Sibylle. Je me suis rendue à Cumes, en Italie, il y a une dizaine d’années. Le lac des Enfers, le temple d’Apollon et l’Antre de la Sybille sont bien là, en réseaux, on les remplit de ce que l’on veut et on pourrait parler du mythe mais pour moi il ne s’agit finalement pas tant d’une créature mais d’une vie.
Le journal se place entre les faits et la vérité, et ces peintures n’ont rien d’une prophétie. C’est une volonté, un désir d’organiser un espace, de livrer ce monde au monde, de faire de ce désir un élément réel indéniable. Cette source de plaisir, de paix, d’exil, se confronte aujourd’hui au visage, au corps dessiné. Ce visage fait autorité. Il s’agit d’un dialogue avec ce corps porté à jamais, la mémoire de l’autre et un espace mental monde. Et on passe de l’un à l’autre sans arrêt.
C’est un journal de travail, nourri de fréquences visuelles diverses.
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