Entrave de cou
L'abîme. Nantes dans la traite atlantique et l'esclavage colonial - Entrave de cou - 18 éme siècle - Photo : DR

L’abîme : Nantes et l’esclavage colonial. Les historiens ne parviennent toujours pas à se mettre d’accord sur le nombre de victimes de la traite atlantique !

Aujourd’hui encore, les historiens ne parviennent pas à se mettre d’accord sur le nombre de victimes de la traite atlantique. Les documents manquent pour qu’une comptabilité exacte soit réalisée, cependant les écarts des estimations ne s’évaluent pas en dizaines ou en centaines de milliers, mais en millions. D’une extraordinaire brutalité, elle a concerné entre 13 et 17 millions d’hommes, de femmes et d’enfants entre la deuxième moitié du 16e siècle et la fin du 19e siècle. Les expéditions françaises, à elles seules, sont responsables de la déportation d’1,3 million d’Africains. Il s’avère que le nombre, aussi vertigineux qu’il soit, ne suffit pas à dire.

Nantes, d’où partirent 43 % des campagnes de traite françaises, fut le premier port négrier du pays durant toute cette période. Plus de 550 000 hommes, femmes et enfants furent achetés sur les côtes africaines pour être transportés dans les colonies françaises de l’Amérique à bord des navires nantais afin d’être vendus et mis en esclavage. L’interdiction, prononcée en 1815, ne parviendra pas à arrêter avant 1831 un commerce dont les bénéfices avaient permis le développement sans précédent de la ville et de ses activités.

Cette histoire, particulièrement longue, douloureuse et complexe, a laissé des traces matérielles et de profondes cicatrices, encore visibles aujourd’hui. Comment est-il possible qu’un phénomène aussi tragique et fondamental puisse partager à ce point ceux qui se sont consacrés à son étude ? Après l’abolition de l’esclavage en 1848, Nantes tourne la page, comme les autres ports négriers.

Volontairement immersive, suggestive et sensible, L’abîme rend compte de la complexité du réel aux époques concernées et notamment sur le territoire national : l’on découvrira le nom de celles et ceux qui vécurent à Nantes en subissant le statut de personnes captives mises en esclavage, entre 1692 et 1792, lorsqu’ils furent inscrits dans les documents officiels.

À Nantes, des noms de lieux, des quartiers d’habitation, des détails architecturaux, témoignent, à chaque instant, de ce que fut le développement colonial d’une ville, d’un territoire, d’un continent, appuyé sur un commerce à nul autre pareil : celui de captifs arrachés à leur terre natale, déportés pour être mis en esclavage dans les colonies européennes.

Pour autant, les collections conservées dans un ancien grand port esclavagiste, si elles révèlent ce qu’a pu être ce commerce d’êtres humains, ne permettent à aucun moment de« raconter» l’esclavage. Il faut les renverser, parfois complètement, pour tenter d’évoquer ce que fut, pour celles et ceux qui le vécurent, l’horreur de ne plus s’appartenir.

L’exposition se fait aussi l’écho des grands débats et sujets qui font notre actualité : migrations contemporaines, réseaux de la traite humaine, développement de nouvelles formes de racisme, mouvements pour l’égalité des droits…

Le marronnage :  Entrave de cou 18ème siècle

Le marronnage

, qui consiste à s’enfuir définitivement de la plantation, est la forme de résistance à l’esclavage la plus extrême. Pour les propriétaires, et pour l’ensemble des colons, cette pratique représente un danger réel. En effet, ceux qui réussissent à s’évader des habitations forment des groupes sociaux qui s’organisent en cachette, pillent les récoltes pour survivre et menacent, par leur exemple, l’équilibre du système colonial basé sur la terreur et la soumission. Appelés« nègres marrons», ces fugitifs sont particulièrement craints à Saint-Domingue

La Marie Séraphique
Plan, profil et distribution du navire La Marie Séraphique de Nantes, armé par Mr Gruel, pourAngole René Lhermitte Vers 1770
La visite :

L’offre au public abordera à la fois l’histoire de la traite atlantique, sa mémoire et ses héritages, en valorisant les cultures issues de la résistance et de la résilience des populations mises en esclavage, leur place dans la culture française, ainsi que les cultures des populations africaines concernées par cette histoire.

Les adultes et scolaires seront accueillis au sein de l’exposition pour des visites individuelles ou accompagnées par l’équipe de médiation. Certaines visites incluront une découverte du Mémorial de l’abolition de l’esclavage.

Pour le jeune public (8-12 ans), l’approche du sujet sera facilitée en abordant les héritages culturels, notamment musicaux, ou les répercussions de cette histoire aujourd’hui, à travers la lutte contre les discriminations et le racisme.
Plusieurs projets d’action culturelle seront plus particulièrement développés autour de ces thèmes en direction des publics jeunes et adolescents.

Enfin, une offre adaptée sera proposée, pour les visiteurs en situation de handicap visuel, auditif ou mental.

L’abîme. Nantes dans la traite atlantique et l’esclavage colonial, 1707-1830
Exposition du 16 octobre 2021 au 15 juin 2022

Château des ducs de Bretagne
Musée d’histoire de Nantes
4 place Marc Elder
44 000 — Nantes

https://www.chateaunantes.fr/

L’abîme: Nantes dans la traite atlantique et l’esclavage colonial

Cet ouvrage éclaire l’histoire de la traite atlantique depuis Nantes, premier port négrier au xviiie siècle, à l’apogée du commerce triangulaire. Il fait le récit de l’esclavage colonial de cette période selon une approche globale, à l’échelle de plusieurs continents, et s’ancre plus précisément dans l’histoire nantaise en y dévoilant le passé esclavagiste de la ville. Les trajectoires individuelles, retracées par les dernières recherches universitaires, témoignent ici d’une mémoire sensible à laquelle il s’agit de faire face, pour mieux comprendre les enjeux de ce terrifiant commerce d’êtres humains.

  • Éditeur ‏ : ‎ PU RENNES
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Broché ‏ : ‎ 256 pages
  • ISBN-10 ‏ : ‎ 2906519790
  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2906519794