Art contemporain africain : après la crise, le renouveau. Après une période difficile due à la crise sanitaire, l’art contemporain africain affiche un essor remarquable.
Après une période difficile pendant la crise sanitaire, l’art contemporain africain affiche un essor remarquable. Saison Africa2020, Prix ellipse ou Jean-François Prat, mais également galeries d’art contribuent au dynamisme de cette création africaine contemporaine.
Après les difficultés du covid, l’art contemporain africain en plein essor
L’Afrique n’a pas été épargnée par la crise sanitaire. Sa scène artistique contemporaine non plus. Dès le mois d’avril 2020, l’inquiétude commençait à poindre, du côté des galeries, des expositions et des artistes africains.
Danda Jaroljmek, fondatrice de la Circle Art Gallery de Nairobi, s’interrogeait alors dans les colonnes du magazine en ligne consacré à l’art africain Artskop : « La perte de revenus des collectionneurs de passage, les revenus des foires d’art et l’annulation des expositions, je ne sais pas comment nous allons survivre si cela dure trop longtemps », ajoutant que « la survie est une préoccupation majeure ». Plus d’un an après, ces inquiétudes semblent révolues, et l’art africain contemporain connaît un impressionnant dynamisme post pandémie.
A commencer par les expositions, particulièrement foisonnantes en cette période de réouverture des lieux culturels. Exemple à Paris, avec l’exposition “Zone franche”, qui présente jusqu’au 1er août quinze artistes africains à l’Institut des cultures d’islam (ICI).
Parmi les artistes présents, le Burkinabé Saïdou Dicko, qui rend hommage à la culture peule, Jean-David Nkot, artiste camerounais qui s’intéresse aux notions de corps et de territoire, ou encore la Franco-Marocaine Chourouk Hriech, artiste d’arts visuels connue pour ses dessins en noir et blanc.
Cette exposition s’inscrit dans le cadre de la saison Africa 2020, projet initié par le président de la République Emmanuel Macron, qui devait initialement se tenir de juin à décembre 2020.
Commissaire générale de la saison Africa 2020, l’architecte sénégalaise N’Goné Fall, témoigne de cette effervescence dans la création contemporaine plurielle africaine : “Je vois une continuité, mais aussi une explosion de propositions, de l’énergie et surtout de la pertinence, qu’elle soit artistique ou conceptuelle de la part des créateurs dans tous les domaines.”, répondait-elle au Point Afrique début 2020.
ellipse art projects, Jean-François Prat : des prix pour faire émerger les artistes de demain
Autre exposition qui témoigne du succès de l’art contemporain africain : « Au-delà des apparences. Il était une fois, il sera une fois », présentée à Toulouse au musée des Abattoirs jusqu’au 29 août. Elle s’inscrit aussi dans le cadre de la saison culturelle Africa 2020.
Pour Annabelle Ténèze, directrice des lieux, cette exposition met en valeur le regard de femmes artistes qui s’interrogent « sur ce qu’on transmet et sur ce qu’on perd ». Car derrière ce dynamisme de l’art contemporain africain, il y a d’abord une montée en puissance des femmes artistes africaines, qui peu à peu se créent une place dans ce milieu concurrentiel, et gagnent en visibilité.
Pour Annabelle Ténèze, qui a collaboré avec la Canado-Ethiopienne Missla Libsekal, fondatrice de la plateforme numérique Another Africa, « si l’Afrique est un des continents les moins regardés, les femmes sont aussi le genre le moins exposé ».
Mais les lignes commencent à bouger, en témoigne la place des femmes au sein des jurys de prix artistiques. Exemple avec le Prix ellipse, émanation du fonds de dotation ellipse art projects créé par la société française de réalisation d’infrastructures Ellipse Projects (mécène fondateur), destiné cette année aux artistes africains émergents résidents au Sénégal.
Le prix a été décerné à Ibrahima Ndome, représentant du collectif Ndokette, par un jury notamment composé de Delphine Lopez, directrice de la galerie Cécile Fakhoury à Dakar, Victoria Mann, directrice fondatrice de la foire Also Known as Africa (AKAA), Ken Aicha Sy, directrice-fondatrice de Wakh’art et Bénédicte Alliot, directrice de la Cité internationale des Arts à Paris.
En 2020, c’est l’artiste nigérienne Toyin Ojih Odutola qui a reçu le prix Jean-François Prat. Une consécration pour cette artiste dont le travail s’inspire de son vécu de femme noire, et porte sur la « construction socio-politique de la couleur de la peau ».
Des galeries dynamiques
Si les prix artistiques comme le Prix ellipse ou le prix Jean-François Prat permettent de faire émerger de nouvelles générations d’artistes, le dynamisme de la création africaine contemporaine se manifeste aussi par celui des galeries d’art.
A Paris, la galerie Afikaris a contribué à soutenir l’art africain en difficulté pendant le covid, notamment lors de l’exposition Résiste en mars 2021. Un thème d’actualité pour Florian Azzopardi, fondateur d’Afikaris, « car l’année écoulée nous a demandé de puiser dans des ressources insoupçonnées. Sans oublier l’augmentation des inégalités et les combats que mènent certains peuples pour davantage de droits ».
D’autres galeries, à l’instar du prix Ellipse, entendent faire émerger des artistes peu connus : c’est le cas de la 193 Gallery : « Notre mission est de proposer des scènes contemporaines pas assez représentées à notre goût, de l’Afrique, de l’Asie du Sud-Est, des Caraïbes, de l’Amérique du Sud ou de l’Océanie. On se bat pour le mélange des cultures et des styles » évoque César Lévy, directeur.
Là encore, la place des femmes est au cœur du travail des artistes présentés. Thandiwe Muriu, photographe kenyane, y est exposée jusque fin juillet. « Je veux encourager les jeunes filles à célébrer leur peau foncée. Un thème parfois lourd, mais que je veux mettre en valeur de manière ludique et facile à aborder », évoque l’artiste, dont les travaux s’imposent peu à peu sur la scène africaine contemporaine : en 2020, elle a reçu le People Choice Award de la photographie émergente.
La photographie est au cœur de ce dynamisme de l’art contemporain africain. Un art pratiqué par le lauréat du Prix ellipse, Ibrahima Ndome, et du collectif Ndokette dont il fait partie.
Un projet qui allie photographie, vidéos et performances pour interroger la notion de temporalité : « Nous avons essayé d’observer avec attention ce qui nous entoure ; notre réalité multiple, audacieuse et surprenante. (…) A travers ces images, nous souhaitons initier une remise en question chez les gens, les amener à questionner leur présent. », évoque le collectif, qui outre le lauréat du Prix ellipse rassemble Safi Niang et Souleymane Bachir Diaw.
Les travaux d’Ibrahima Ndome seront exposés en novembre 2021 à la foire AKAA à Paris. L’occasion de s’inscrire dans ce dynamisme de l’art contemporain africain, et de s’affirmer peut-être comme un des artistes phares du monde culturel post-covid.
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