À l’occasion du festival PhotoSaintGermain, Rubis Mécénat présente « Daleside ». Daleside, est un township situé au sud-est de Johannesbourg en Afrique du Sud.
À l’occasion du festival PhotoSaintGermain, Rubis Mécénat présente « Daleside », une commande aux photographes français Cyprien Clément-Delmas et sud-africain Lindokuhle Sobekwa, membre du projet Of Soul and Joy* et associé de Magnum Photos. L’exposition est gratuite et ouverte à tous du 07 au 23 janvier 2021.
« La plupart des familles qui restent vivre à Daleside ne peuvent pas aller vivre ailleurs. Elles ne peuvent pas échapper à cet endroit. Les habitants de Daleside aspirent à une vie meilleure ou à une vie différente. Mais ils sont sans cesse rappelés à la réalité. Ce sont des rêveurs statiques, prisonniers de cette ville, de leur propre vie et de la classe sociale à laquelle ils appartiennent. » Cyprien Clément-Delmas
DALESIDE par Valérie Fougeirol
Daleside, petite ville d’Afrikaners, située en Afrique du Sud, dans la province du Gauteng – « lieu de l’or » en langue sesotho – bien que longée par l’autoroute qui la relie à Johannesbourg, reste isolée dans sa grande périphérie industrielle. À distance, Daleside, tient sa population blanche en repli sur elle-même, oubliée dans un projet ancien de développement séparé.
Pendant cinq ans, Cyprien Clément-Delmas, photographe et réalisateur français, et Lindokuhle Sobekwa, photographe sud-africain, ont pu revisiter ensemble la validité d’une enclave blanche, aujourd’hui, en Afrique du Sud. Les deux photographes se sont rencontrés grâce au programme Of Soul and Joy, initié par Rubis Mécénat à Thokoza, township dans la banlieue de Johannesbourg. Devenus amis, Cyprien, mentor du jeune photographe Lindokuhle qui, révélant son talent est depuis un associé de l’agence Magnum, ont dressé un portrait de Daleside, abordé les lieux et les habitants, en majorité des mineurs ou petits paysans, réveillant leurs rêves ou dévoilant leur désarroi.
En compagnie de Cyprien, Lindokuhle a pu entrer dans Daleside, et bien qu’il soit un voisin de Thokoza, à seulement cinq kilomètres, il se souvient, enfant, ne pas pouvoir pénétrer l’intérieur de ces maisons, où pourtant sa mère exerçait un travail domestique pendant la semaine. Ensemble, les deux photographes sont entrés, dans les maisons, dans les familles, ont pu dialoguer, se sont fait des amis, – Cyprien a réalisé le film qui recueille la précieuse parole de certaines de leurs rencontres. Il y a cinq ans, les deux photographes faisaient leur entrée remarquée, puis y sont retournés de nombreuses fois ensemble. Lindokuhle s’y rend seul parfois. Bien sûr, cela a été différent, d’être à deux ou d’être seul : Cyprien en tant que blanc y a été accueilli facilement, les portes se sont ouvertes et les personnalités se sont offertes naturellement à son regard, comme avec un familier. Pour Lindokuhle, les attitudes gardent une subtile retenue, même si certains acceptent de partager leur intimité, les regards peuvent encore se détourner, et bien qu’accepté – parfois suspecté – plane encore parfois une méfiance envers l’étranger.
Ce portrait en miroir de Daleside, constitue un consistant corpus dont la lecture saisissante s’accomplit par paires d’images ou isolément. Un livre éponyme – édité par GOST Books et Rubis Mécénat – privilégie la double lecture des photographies, un dialogue où se répondent les perceptions des deux photographes, sensibles et pertinentes, en écho à notre monde contemporain. Devant l’objectif de Cyprien, les personnages offrent une digne présence nourrie d’un rêve déconnecté de la réalité. Dans les portraits en paysage de Lindokuhle, pas de dérobade à la réalité qui, au-delà de l’implacable binarité noir-blanc, saisissent la même pauvreté pour les blancs ou les noirs, ce sont là des oubliés de nos sociétés, perdus dans l’impasse d’un non-avenir. En l’espace d’une décennie, Daleside est devenue un lieu d’isolement, une ville fantôme. L’illusion nourrie par Lindokuhle, sur ce qu’il allait y trouver, s’est vue confrontée à la réalité, des blancs et des noirs cohabitent dans la même pauvreté, dans l’angle mort des maisons de riches bien gardées, inaccessibles au regard pertinent du photographe.
« Mon travail s’intéresse à l’intimité des résidents de Daleside et à leurs espaces personnels – en tant que premier projet photographique réalisé en dehors des townships – il m’a permis de sortir de ma zone de confort et de mettre en lumière une autre communauté sud-africaine. » Lindokuhle Sobekwa
*Of Soul and Joy est une initiative sociale et artistique pérenne initiée en 2012 par Rubis Mécénat à Thokoza, township situé au sud-est de Johannesbourg.
Festival Photo Saint-Germain
Rubis Mécénat hors-les-murs
12, rue Guénégaud 75006 Paris
Du 07 au 23 janvier 2021
Entrée libre – Du mardi au samedi de 11 h à 19 h
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