La Pièce manquante : La Guerre civile syrienne et l’art-témoin – un écho du front des images et des mots.
Depuis mars 2011, la guerre civile syrienne a fait autour de 500 000 morts d’après les estimations de diverses ONG. Des attaques à l’arme chimique et de nombreux massacres, crimes de guerre et crimes contre l’humanité ont été commis, principalement par le régime syrien et par l’État islamique. En 1946, la Syrie est devenue une république indépendante, mais la phase démocratique prend fin en mars 1949 avec un coup d’État soutenu par la CIA et suivi de deux autres la même année. La Syrie est dirigée par la famille el-Assad depuis 1971. En 2000 succédant à son père, Bachar el-Assad, devient président de la République arabe syrienne. En 2011 les premières manifestations en faveur de la démocratie à Damas, puis à Deraa se font. Réprimée par le régime, la contestation tourne en rébellion armée. Puis soutenus par la Turquie, l’Arabie saoudite, le Qatar, les États-Unis et la France, l’Armée syrienne libre s’emparent de la majeure partie du Nord et de l’Est, puis est supplantée par des groupes islamistes ou salafistes. En 2014, Daech s’empare de près de la moitié du pays et proclame le « califat ».
Aujourd’hui, dixième année de conflit, on compte des dizaines de milliers de disparus, arrêtés et souvent torturés dans les prisons du régime, des millions de déplacés et de réfugiés en Turquie, au Liban, en Jordanie ou plus loin. Bachar al-Assad contrôle actuellement plus de 70 % d’un territoire morcelé, grâce à l’appui militaire de ses alliés : la Russie, l’Iran, ou encore le Hezbollah libanais. En 2016, l’armée syrienne est victorieuse à Alep, puis à Homs et Deir Ez-Zor, en 2018 dans la Ghouta et à Deraa.
Mais depuis que son régime a été sauvé de justesse par l’inaction occidentale et l’aide des Russes et des Iraniens, les choses vont de plus en plus mal pour le régime Syrien. Bachar a dû limoger dernièrement son Premier ministre, la livre syrienne s’est effondrée. Il faut au marché noir 3 000 livres pour un dollar, quand le cours officiel est à 700. Même le clan familial se déchire. L’Iran et la Russie, ne mâchent plus leurs mots pour le critiquer, et la contestation reprend. Il est temps de déboulonner et de juger Bachar Al-Assad et tous ses acolytes.
La Pièce manquante
La Pièce manquante nous soumet, nous spectateurs, à de multiples interrogations. Une interrogation d’ordre général, d’abord : comment se fait la guerre, comment en vit-on, en meurt-on ? Une interrogation plus spécifique, ensuite, qui renvoie celle-là à l’esthétique : comment, d’un conflit guerrier, extraire des formes évitant le spectaculaire, le cliché, le racolage morbide ? La question de savoir, aussi, comment se construisent les témoignages en cours de conflits ? « La Pièce manquante » n’est ni une classique exposition « de guerre », ni une exposition « documentaire », malgré la présence, l’analyse et le partage de nombreux documents. Ce que montrent les artistes ici, ce qu’ils décodent, c’est davantage la construction et la distorsion des images par les acteurs de la guerre, la création de l’information, la fabrication de la communication, une vision « hors champ » de l’horreur de la guerre. (Paul Ardenne, historien et historien de l’art).
La Pièce manquante, c’est d’abord une série d’œuvres de Guillaume Chamahian. À partir de photographies de presse de la famille Bachar el-Assad, l’artiste a créé des puzzles. De ces puzzles il a retiré une pièce : le visage de Bachar el-Assad. Mais « La Pièce manquante », c’est aussi la maison, cette maison détruite que nous montre Randa Maddah. C’est un flot ininterrompu de dépêches AFP comme un bruit de fond, un bruit sourd et fragmenté, une histoire émiettée, qu’entend et dessine Julien Serve. C’est les notions de preuves, de vérité et de témoignages qu’interroge enfin Frank Smith par la poésie forensique. C’est surtout ce qui manque, ce qui a manqué dans cette guerre : l’humanité elle-même. Ce sont les morts, les disparus, tout ce, tous ceux que la guerre a détruits.
La Pièce manquante, une exposition proposée par Barbara Polla, à la Galerie Analix Forever – Avec : Guillaume Chamahian, Frank Smith, Julien Serve et Randa Maddah – Commissaire de l’exposition : Paul Ardenne
La Pièce manquante
Vernissages les 3, 4 et 5 juillet en présence des artistes et du conservateur avec présentations, conférences, lectures et débats
Exposition du 07.07 au 25.07.2020
Galerie Analix Forever
10 rue du Gothard
Chêne-Bourg 1225
Switzerland
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