Paradoxalement, c’est dans ce monde sombre et délétère, dans sa tour de Babel, qu’Yves Viallard y trouve la paix.
Yves Viallard, alias l’Atelier Mad, expose du 13 au 21 mars 2020, à la Upper Gallery, une sélection de ses dessins sur le thème “Babel“. Visionnaire, Yves Viallard, a commencé sa série dystopique BABEL TYPE A, il y a une douzaine d’années, bien avant l’engouement pour la collapsologie.
Ses villes, aux rues désertes, vidées de toute humanité, trouvent une résonance synchronique troublante dans l’actualité, marquée par la pandémie de Covid-19. Réinterprétées, à partir de photos panoramiques du début du siècle, leur architecture minérale et foisonnante (toits, façades, fenêtres, monuments, cheminées, poteaux électriques…) sont redessinées graphiquement au scalpel. Toujours dans les cinq mêmes nuances de gris.
Des logos et des marques de banques, de détergents chimiques et d’armement ont insidieusement envahi les enseignes et les panneaux publicitaires. Mêmes les arbres ont disparu. Yves Viallard les a remplacés par d’étranges formes rouge sang menaçantes qui augmente la sensation d’oppression.
En effet, derrière chacune de ses oeuvres, se cache un travail de dessin vectoriel numérique titanesque et hypnotique, qu’Yves Viallard nous dévoile dans l’enchevêtrement et la multitude de ses traits et de ses courbes de Bézier.
L’intensité et le sens du détail, aussi bien dans le fond que dans la forme, signent sa série sous-titrée AFTER THE GARDEN. Ici, tout fait sens, jusqu’à la discrète mention de SEGUR-LES-VILLAS, qui n’est autre que le nom de la maison familiale où il a grandi et beaucoup dessiné, en plein coeur de son Auvergne natale, loin de la noirceur. Peut-être s’agit-il aussi du “garden” évoqué. Qui sait…
“Je suis un artisan. Au-delà de mon propos, inspiré, entre autres, par le roman 1984 qui a marqué mon enfance – j’ai d’ailleurs caché des yeux dans mes tableaux, que moi seul peux retrouver – ce qui m’intéresse c’est le geste. Cliquer à l’infini, pour recomposer la complexité des détails architecturaux m’apaise.”
Paradoxalement, c’est dans ce monde sombre et délétère que l’artiste, y trouve la paix.
La Upper Gallery
19 Rue des Deux Ponts
75004 Paris
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