Roman-Photo : 300 photographies pour découvrir ce genre époustouflant qui avait jusque là échappé à l’œil des musées.
C’est dans l’Italie d’après-guerre, en 1947, que le roman- photo voit le jour, grâce au jeune scénariste Stefano Reda, qui en réalisa le premier pour le magazine Il Mio Sogno. Deux semaines plus tard, le trio Luciano Pedrocchi, Damiano Damiani et Franco Cancellieri, employés chez Mondadori pour le magazine Bolero Film utilisera “fotoromanzo” sur sa couverture.
Outre le côté technique, le roman-photo s’inspire du cinéma dont il reprend le thème sentimental du bonheur individuel véhiculé par les productions américaines de l’époque. Si les techniques de découpage et de présentation de la bande dessinée sont utilisées, peu de romans-photos se sont intéressés aux techniques d’expression propres à la bande dessinée. Le roman-photo fera sa première apparition en France en juin 1949 dans le magazine Festival, sous l’impulsion de l’éditeur Cino Del Duca qui l’introduira progressivement dans la quasi-totalité de ses autres revues dont Nous Deux, en août 1950.
Il y a peu de grands noms d’auteurs qui ont marqué l’histoire des romans-photos ; Gébé et le professeur Choron en ont publié dans les années 1960 et 1970 dans Hara-Kiri ; Jean Teulé, quant à lui, a inventé le roman-photo de reportage, et Léandri a publié des romans-photos courts et humoristiques.
Le roman-photo a été remis à la mode au début des années 2000, la revue Flblb Fricassée de romans-photos édité en 2003 faisant un panorama assez large des possibilités de ce genre narratif, et dansun style plus cinéma, Antoine Besson et Claude Defresne ont présenté Le Secret des Trois Clés (2013), Le Secret de l’Archange (2014) et Le Secret du L.Y.S (2016) une trilogie de romans-photo “nouvelle génération”.
Un coup de jeune est donné à ce genre de littérature grâce au numérique ; il est en effet possible désormais de lire des romans-photos en ligne et sur mobile. Et, depuis 2010, Lia Rochas-Pàris a réalisé des romans-photos 2.0 derrière le titre Vasistas. Une vitrine de la vie parisienne publiée chaque semaine sur internet. La première saison a été éditée en livre, relançant la mode du roman-photo. Depuis deux ans, le genre a été repris avec Le Café Matinal : Des interviews sous forme de romans-photos visibles sur le site lecafematinal.com publiés tous les mercredis.
Malgré tout, on a longtemps assimilé le roman-photo à un sous-genre vulgaire, et c’est pour cela qu’il n’a que rarement retenu l’attention des historiens et des musées, ce qui peut paraître assez injuste comparé au succès international qu’il a connu.
C’est cette lacune que ce livre et l’exposition au Mucem viennent combler. Faisant appel à la photographie, au cinéma, à la vidéo, aux arts plastiques et aux nouvelles technologies, le corpus d’images présenté regroupe les plus belles réalisations du roman-photo. Le livre a été rédigé sous la direction de Frédérique Deschamps et Marie-Charlotte Calafat, préfacé par Jean-François Chougnet et agrémenté de textes de Marcella Iacub, Christian Caujolle, Gérard Lefort, Christophe Bier, Jan baetens, Emmanuel Guy.
Le roman-photo raconte et témoigne d’une époque, ses rêves, ses peurs et ses évolutions. Certaines des images qui le composent sont de réels chefs-d’oeuvre, mêlant expressionisme et réalisme.
Roman-photo : l’Exposition
Le roman-photo a mauvaise presse. Le terme sous-entend tout à la fois la niaiserie sentimentale, la frivolité, ou encore l’ingénuité. À ce jour, il n’a que rarement retenu l’attention des historiens de l’image, et encore moins celle des musées et des centres d’art. Grave erreur ! Car le roman-photo a pourtant bien des choses à nous dire… et pas seulement des mots d’amour.
Né en 1947 en Italie, le roman-photo a constitué le plus gros succès éditorial de l’après-guerre, et restera pendant plus de vingt ans le best-seller de la littérature populaire en Méditerranée. Les lecteurs – en majorité des lectrices – se comptaient par millions ; les revues dans lesquelles ils étaient publiés passaient de main en main et c’est ainsi que dans les années soixante, on estime qu’un Français sur trois lisait des romans-photos.
Reconstituer ces petites mythologies sentimentales permet ainsi d’offrir une relecture originale de l’avènement de la société de consommation et de l’évolution des mœurs, tout autant qu’un regard décalé sur l’émancipation et la libération des femmes dans l’Europe méditerranéenne de la seconde moitié du XXe siècle.
C’est l’enjeu de l’exposition « Roman-photo », qui réunit plus de 300 objets, films, photographies, documents, et, bien entendu, quelques-unes des plus belles réalisations de cet artisanat devenu en peu de temps une industrie culturelle de masse, dont certaines productions élaborées par des réalisateurs proches du néo-réalisme italien s’avèrent d’une qualité exceptionnelle.
Jalousies et trahisons, tendres baisers et cœurs brisés, décapotables et micro-ondes, Dolce Vita et lutte des classes : « Roman-photo », un feuilleton riche en surprises, rebondissements et coups de foudre (esthétiques), à ne manquer sous aucun prétexte !
Commissaire: Frédérique Deschamps, journaliste et iconographe,
Commissaire Mucem: Marie-Charlotte Calafat, adjointe du département des collections et ressources documentaires du Mucem
Exposition du mercredi 13 décembre 2017 au lundi 23 avril 2018
Le site du Mucem : http://www.mucem.org
- Relié: 256 pages
- Editeur : Textuel
- Collection : TEXTUEL PHOTOGR
- Langue : Français
- ISBN-10: 2845976380
- ISBN-13: 978-2845976382
A voir aussi sur artsixMic :
Pierre Beaupère, le respect du cheval
La Fontaine – une école buissonnière d’Erik Orsenna
Martin Scorsese en 10 scènes de Tim Grierson
Une moisson d’or et de couleurs : Les céréales dans la peinture !
Château de Rayne Vigneau : un terroir exceptionnel et méconnu, au cœur du vignoble bordelais
les éditions des Falaises publient Nara de Claire de Virieu
Pascal Bonafoux : Les impressionnistes par eux-mêmes