Le procureur de la République réclame trois mois de prison à l’encontre de Monsieur Chat !
Si son nom, Thoma Vuille, ne vous dit à priori pas grand-chose, vous connaissez son coup de griffe pour avoir maintes fois rencontré son chat jaune orangé à l’énorme sourire dont il est le créateur. M.Chat, écrit ainsi en capitales et par défaut prononcé « Monsieur Chat », est apparu pour la première fois, il y a vingt ans, à Orléans. Ses lieux de prédilection ? Les murs, à des endroits inaccessibles et surtout sans aucune permission !
M. Chat est un globe trotteur…On le retrouve non seulement partout en France mais aussi dans des pays européens et partout ailleurs dans le monde : New York, Hong Kong, Macao, Séoul, Hué, Dakar… Reconnu par les leaders de la scène street art européenne dont Frank Shepard Fairey, Banksy et Space Invader, M.Chat désire s’émanciper de l’effet de mode propre à la mouvance graffiti et s’assimiler à des mouvements moins marginalisés tels que le “pop art” ou le “land art”.
Au fil du temps M.Chat a bien eu quelques démêlées avec la police anti-tag et la justice, notamment en 2014 où la RATP lui avait réclamé 1 800 euros à titre de dommages et intérêts pour des chats peints à la station Châtelet sur un mur qui devait être recouvert de carrelage. L’affaire avait été abandonnée et avait permis à l’artiste de se forger une incontestable côte fort méritée aux yeux de tous ceux, élus et anonymes, qui le soutiennent.
L’artiste ne se considère pas comme un vandale. « Je n’ai pas une démarche de rebelle, je ne suis pas en guerre ni en conquête de territoire. Je suis au contraire quelqu’un de bienveillant, et mon geste est positif : mes chats sourient aux passants, aux usagers. Je suis juste un humain qui a envie d’exprimer son humanité aux autres humains dans des endroits inattendus, et on fait de moi un criminel. Je suis peut-être un peu naïf, mais je reste persuadé que peindre sur un mur n’est pas un délit passible de prison. » C’est pourtant ce que risque M.Chat pour son œuvre représentant son chat, quatre roses et un oiseau qu’il avait apposé au marqueur sur un support de la SNCF et qui n’aura été visible que quelques heures à la gare du Nord et pour lequel il est passible de trois mois de détention ferme pour « récidive »…
Le graffeur, accusé par certains de vouloir attirer l’attention sur lui, s’insurge : « Je n’ai pas besoin de ça pour vivre de mon travail, ça n’ajoute rien, et ça me coûte cher en frais d’avocat ! Je communique aujourd’hui sur ce procès parce que cette question de prison me choque en tant que citoyen, et je pense que ça peut interpeller les autres citoyens. » Rendez-vous le 13 octobre pour savoir si le tribunal fera perdre son beau sourire à M.Chat…