Roman Signer : deux performances et une nouvelle œuvre sur mesure au Musée Middelheim
Au début de sa carrière, dans les années ’70, Roman Signer a étudié la visualisation des phénomènes naturels avec une précision presque scientifique. Les propriétés de l’eau, du sable et de la pierre, conceptualisées en trois dimensions. À cette époque, il a aussi traduit le feu, les fusées et les explosions dans des performances volatiles, où il a utilisé leur puissance pour transformer des tables, des chaises, des lits, des boules en bois et des barils bleus. Figurent également sur la liste de ses accessoires préférés : les rubans en plastique, la peinture, l’argile, le papier, les poteaux en bois, les skis, un kayak, un scooter, un ventilateur… Les objets qu’il a utilisés dans d’autres combinaisons ont subi une sélection rigoureuse au fil des ans.
C’est avec ces quelques éléments que Signer continue à sculpter un monde qui ne cesse d’étonner le spectateur. Son œuvre apporte une contribution importante à la tradition du “Process Art” et il redéfinit de ses mains le principe de l’art sculptural. Il y ajoute par ailleurs trois nouvelles dimensions par ses concepts « d’action », « de distribution dans l’espace » et de « temps ».
Dans son œuvre, il aborde le temps de plusieurs manières très différentes : “Action with a Fuse” (1989), a duré 35 jours, tandis que l’événement de clôture de Documenta 8 (1987) ne fait que quelques secondes. Dans “Vitesse: 2000 mètres/ seconde” (1992), on parle littéralement d’une accélération vertigineuse. Enchainement, simultanéité, durée, immédiateté, continuité, progression, rythme… autant de façons de donner corps à ses images.
Modus Operandi
Roman Signer associe des éléments naturels, comme l’eau, le vent, la terre ou le feu, avec des supports simples comme les fusées ou les ballons. Le résultat est toujours étonnant, absurde et poétique. L’eau est peut-être l’élément le plus courant dans le travail de Signer. Il a grandi aux abords d’une rivière et la fascination de l’eau ne l’a jamais quitté. Le motif des « méandres » d’un cours d’eau naturel se retrouve également dans ses nouvelles œuvres, ‘Spuren’ et ‘Projet pour un jardin’. La sobriété de ses choix de matériaux contraste grandement avec le traitement fantaisiste de ses projets. Il nous livre une œuvre transversale qui ne cède en rien aux tendances ou aux attentes esthétiques.
Ses actions ne sont pas fonctionnelles, mais son travail démontre son vaste intérêt pour la réalité qui existe en dehors du monde artistique. Ses actions, qui ne présentent ni fonction ni danger, peuvent aussi être interprétées comme des symboles ou des métaphores pour cette question existentielle : « Je dois me confronter à l’éphémère. Peut-être est-ce parce que je suis sensible à la tragédie, à l’absurde, à la vacuité et à la futilité que nous générons en tant qu’humains » (R.S., Biennale de Venise, p. 37). Par de petits détails, Signer déclenche toutefois un processus qui permet à chacun de laisser libre cours à son imagination, un processus auquel chacun peut rattacher son histoire.
Du 29 octobre 2016 au 2 avril 2017, vous aurez l’occasion de découvrir l’œuvre volontaire de l’artiste suisse Roman Signer, un sculpteur qui combine de manière unique la poésie, la science et la performance dans son travail.
“Projet pour un jardin” unit le projet que Roman Signer a réalisé autrefois et celui d’aujourdhui en collaboration avec le Musée Middelheim (Anvers, Belgique). À l’époque, ces collaborations entraient dans le cadre d’un groupe, mais elles auront cette fois-ci lieu en solo. L’artiste surprendra le public par deux performances situées à l’intérieur et autour du Pavillon Braem. Par ailleurs, il créera une nouvelle œuvre permanente sur mesure pour le Musée Middelheim. Au sein du Musée Middelheim, le temps et l’environnement jouent un rôle plus important que dans un musée classique. Changement de lumière, passage des saisons, dialogue entre les œuvres, relation du paysage par rapport à l’art qu’il renferme… Ce sont des éléments auxquels tous les artistes du Musée Middelheim sont confrontés, mais tout le monde ne se met pas au travail avec ces données. Chez Roman Signer, le temps et l’environnement constituent le cœur même de son œuvre. Dans cette optique, son travail constitue donc un match parfait avec le Musée Middelheim.
À propos de Roman Signer
Roman Signer est né en 1938, il habite et travaille à Sankt Gallen (Suisse). Ses œuvres sont exposées depuis plus de trente ans dans les galeries et musées d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Asie. Elles ont été sélectionnées pour des événements artistiques prestigieux, comme la Biennale de Venise, le Documenta 8 et le Skulptur Projekte Münster. Au cours des 40 dernières années, il a participé à des centaines de projets en groupe ou en solo, parmi lesquels Documenta 8, Skulptur Projekte Münster et le Pavillon suisse pour la 48e Biennale de Venise. Son travail figure parmi les collections majeures dans le monde (le Kunsthaus Zug en possède plus de 90 à elle seule), de la Tasmanie au Mexique. Il réalise également des œuvres pour les espaces publics – surtout en Suisse –, comme “Tirsch” (2008, Appenzell), “Koffer” et “Drei Farbkanonen” à Zürich (toutes les deux 2007). Bien que ses œuvres soient exposées dans le monde entier, il conserve un attachement particulier pour le Kunstmuseum de St Gallen. C’est là-bas, dans l’arrière-cour, qu’on peut admirer une grande partie de son œuvre.
Roman Signer “Projet pour un jardin”
Exposition du 29 octobre 2016 au 2 avril 2017
Musée Middelheim
Middelheimlaan 61
2000 Anvers
Belgique