L’œuvre d’Alberto Magnelli (1888-1971), fait l’objet jusqu’au 25 octobre prochain d’une rétrospective au centre d’art la Malmaison de Cannes. “La Méditerranée retrouvée“, grâce à 200 peintures et dessins, se vit à la fois comme une ballade emplie de poésie et de senteurs provençales, et comme une immersion au sein de l’oeuvre tant mystérieuse que géométrique de cet autodidacte florentin qui débuta la peinture en solitaire dans sa ville de Florence avant de fréquenter les futuristes italiens. Lors d’un voyage à Paris, en 1914, il fait la connaissance des poètes Guillaume Apollinaire et Max Jacob, et des peintres Archipenko, Juan Gris, Fernand Léger, Picasso et surtout Henri Matisse dont l’influence est indéniable et dont on retrouve la patte dans les natures mortes de Magnelli. “Le tissu est très matissien et en même temps il s’en dégage parce qu’il n’insiste pas sur la représentation et le détail du tableau” analyse Frédéric Ballester, Directeur du Centre d’Art La Malmaison.
Provenant de la collection de la galerie Sapone à Nice, les oeuvres sélectionnées entre 1910 et 1970 pour l’exposition de Cannes sont rares, puissantes et révélatrices des deux courants picturaux entre lesquels Magnelli n’a eu de cesse d’évoluer, le figuratif et l’abstrait, dont il disait quelques mois avant sa mort : “Tout est abstrait et tout est réel“. Figuratif à ses débuts, l’artiste s’envole vers l’abstraction dont il sera l’un des plus grands représentants en 1915, tout en revendiquant sa totale liberté, refusant d’être rattaché à un courant artistique. Influencé par le cubisme de Picasso ou Braque, Alberto Magnelli revient régulièrement aux thèmes de ses débuts : natures mortes, paysages, portraits ou scènes de genre.
Dès les années 30, le trait et les formes de la peinture de Magnelli créent un rythme qui se fait élément principal de ses œuvres et qui explique sa notoriété. Comme le dit le critique d’art Achille Bonito Oliva, sa peinture est “Riche d’une géométrie interne et silencieuse qui lui est propre ». Papier, toile de jute, craft, Magnelli remet constamment son métier sur l’ouvrage, en faisant des collages en série, ce que justifie ainsi Frédéric Ballester “c’est très représentatif d’une architecture qui explose. Une civilisation qui se termine et qui redémarre vers autre chose”.
Alberto Magnelli « La Méditerranée retrouvée » (1888-1971)
Centre d’art la Malmaison de Cannes
47 boulevard de la Croisette – 06400 Cannes