Jeudi au Chili est sorti, pratiquement 5 ans jour pour jour après le terrible événement, le film “Los 33“, qui raconte l’incroyable odyssée des mineurs enterrés vivants durant 69 jours en 2010 à plus de 600 mètres de profondeur dans une vieille mine de cuivre du désert d’Atacama. Réalisé par la Mexicaine Patricia Riggen qui a mis en scène Antonio Banderas et Juliette Binoche, Los 33 ravive la division entre les vrais protagonistes de l’histoire, certains mineurs allant même jusqu’à refuser de participer aux célébrations.
La projection en avant-première à Santiago en présence de l’acteur espagnol Antonio Banderas et de la plupart des mineurs et de leurs familles, a révélé à quel point ces anciens compagnons d’infortune sont aujourd’hui divisés. D’après l’AFP, le mineur Luis Urzua Don Lucho, chef d’équipe des mineurs qui, par son autorité, avait notamment pu organiser le rationnement durant leur calvaire, a refusé de faire partie de la fête.
La découverte de leur survie n’étant intervenue qu’au 17ème jour après l’éboulement, les opérations de secours avaient été ensuite retransmises par la télévision et suivies avec émotion dans le monde entier par des millions de personnes jusqu’à ce que les mineurs soient secourus sains et saufs. “La réalité est différente. Et je préfère ne pas participer, parce que ce que je veux c’est récupérer les droits de mon histoire“, explique Luis Urzua qui considère que les droits de commercialisation de l’extraordinaire saga ont été tout bonnement « pillés ».
Quelques semaines après avoir été secourus, le 13 octobre 2010, les 33 mineurs, devenus soudainement des célébrités, avaient signé un accord pour céder les droits sur leur histoire en vue d’un film et d’un livre. Conseillés par des avocats, ils avaient alors formé une structure juridique complexe. Or, certains d’entre eux s’estiment aujourd’hui floués. “Je ne sais pas si je suis satisfait de cet accord. Il faudra attendre la sortie du film et voir ce qui se passe“, confie à l’AFP le mineur Carlos Barrios. Au contraire, pour Mario Sepulveda, le mineur le plus charismatique, interprété à l’écran par Antonio Banderas, “tout est super clair“. “Il y a des gens qui ont investi” dans le projet, dit-il, et “une fois qu’il commencera à porter ses fruits, je suppose que chacun d’entre nous y trouvera son compte“.
Visionner ce film, cinq ans après avoir vécu cette terrible expérience, “c’est un moment fort “, raconte Carlos Barrios. “Pour nous les mineurs, cela a été dur de le voir, parce nous nous sommes rappelés de chaque moment. Certains pleuraient“. “Le film reste très proche de notre histoire à nous. On dit parfois que les films ne reflètent pas la vraie vie, mais pas celui-là“, ajoute-t-il. “C’est un film extraordinaire, magnifique. Il nous représente très bien comme pays“, a déclaré quant à lui Mario Sepulveda. Tourné en 2014 dans une mine de sel de Colombie et dans le désert chilien, le film a été produit par l’Américain Mike Medavoy, producteur notamment de “Black swan”. L’argent a ainsi séparé et anéanti la solidarité de ces hommes qui ont frôlé la mort en demeurant enterrés vivants pendant plus de deux mois. Le film sortira aux Etats-Unis, le 13 novembre prochain