Mercredi dernier, 22 juillet, fut une journée mouvementée. Tandis que le siège du PS râpait les carottes pour le déjeuner ( 4 tonnes venaient d’y être déversées…), la Confédération des buralistes manifestait devant le Sénat contre le paquet neutre !
Mesure-phare du plan tabac du projet de loi santé, les buralistes soutiennent le fait que le paquet neutre poussera les Français à consommer les paquets les moins chers et les plus communs car ils ne verront plus leur marque favorite affichée ! La marge des buralistes s’en trouvera par conséquent réduite ainsi que la rentabilité de l’industrie du tabac. Quant à la soi-disant prévention selon laquelle les photos chocs et messages menaçants dissuaderont les jeunes de fumer, c’est à priori incertain, les jeunes consommant de plus en plus du tabac à rouler et la e-cigarette.
Dans la foulée, la Chambre haute a finalement supprimé le projet mais il refera sûrement surface au sein d’un nouvel amendement dès la rentrée. Marco Lomazzi, auteur d’une enquête sur l’industrie de tabac, “Comment la mafia du tabac nous manipule“, nous explique :
« Les lobbys du tabac ont une très importante force de frappe au niveau des élus et des parlementaires. Ils sont sur le terrain, au travers des buralistes et des consommateurs, et les élus redoutent le vote de sanction des fumeurs »
Même les politiques ont des avis contradictoires !
Le tabac est le produit de consommation courante le plus taxé en France : 80 % qui représentent 14 milliards d’euros pour les caisses de l’État par an. L’Etat a bien besoin de cet argent alors qu’il a du mal à boucler son budget mais le ministère de la santé ne l’entend pas de cette façon, c’est pour cela qu’en compensation on lui a octroyé le paquet neutre…
78 000 personnes meurent chaque année à cause du tabac ; les dépenses directement liées à la sécurité sociale et celles qui règlent les soins et traitements représentent un total de 47 milliards d’euros ! On l’a vite compris, le tabac coûte nettement plus cher que ce qu’il rapporte, on voit donc difficilement l’État se passer de ces 14 milliards.
Si la France adopte ce projet à la rentrée, elle s’expose à des recours au nom du droit à la propriété intellectuelle, du droit des marques, des clauses du traité transatlantique sur le libre-échange. Cette guerre judiciaire coûterait environ 20 milliards d’euros !
Pour lutter contre la consommation de tabac, mieux vaudrait continuer une politique constante contre celui-ci et augmenter les prix pour vraiment dissuader les acheteurs. La France est l’un des pays qui comptent le plus de fumeurs en Europe. Le tabagisme tue en 15 jours autant que la route en un an, avait fait remarquer François Hollande :
« C’est la responsabilité de l’État d’arrêter ça. »