S’il fut un photographe qui contribua à définir et à enrichir sa ville par son travail, ce fut bien Nathan Lerner à propos duquel Le New York Times écrivit que son travail “était inextricablement liée à l’histoire de la culture visuelle à Chicago”.
Issu d’une famille de juifs russes émigrés aux États-Unis, et tout en étudiant à l’Art Institute de Chicago, Nathan Lerner à photographié le quartier populaire de Maxwell Street près duquel il a passé son enfance, se faisant ainsi le témoin de la Grande Dépression américaine.
Ne faisant plus qu’un avec sa ville, il nous la livre dans ses moindres recoins, dans toute son intimité, nous offrant un vaste documentaire de cette grande cité du nord-est américain.
Passionné de photographie et approfondissant sans cesse ses propres recherches artistiques, Nathan Lerner, parallèlement à la réalisation de ses photos de Chicago met au point une pratique aussi nouvelle qu’innovante avec la «Light Box» qui lui permet d’explorer les limites de l’abstraction grâce à des jeux de lumière sur des objets divers et variés.
Nathan Lerner, Fille sur un bâteau, 1935
C’est l’époque où Chicago attire de nombreux réfugiés allemands, tels que des personnalités clés du Bauhaus fermé en 1933: László Moholy-Nagy et György Kepes qui diffusent alors l’héritage de la photographie européenne et fondent, avec Walter Gropius, le New Bauhaus de Chicago, dont Lerner est l’un des premiers élèves.
En 1939, Lerner assiste Kepes dans l’atelier Lumière et en prendra la direction dès 1941.
En charge de l’enseignement du design à partir de 1945, il crée quatre ans plus tard son propre cabinet spécialisé en design industriel, laissant de côté sa passion pour le médium photographique.
Cette nouvelle discipline l’éloignera de la photographie jusqu’en 1971, pratique avec laquelle il renoue lors d’un voyage au Japon avec son épouse, Kiyoko Lerner.
L’œuvre de Nathan Lerner a fait l’objet de nombreuses expositions aux Etats-Unis, au Japon et en Europe, dont une importante rétrospective en 2008 au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme à Paris. Cette nouvelle exposition est exceptionnelle de par sa qualité et de par son ampleur puisque les 230 œuvres exposées couvrent l’ensemble de sa carrière; mais elle revêt un caractère unique en ce que certaines œuvres n’ont jamais été dévoilées au public, et notamment toute une série réalisée au Mexique.
Nathan Lerner, Enfants sur une Ford, 1936
Parallèlement au don de 45 œuvres de Henry Darger au musée, Kiyoko Lerner a offert en 2014 un important ensemble de photographies de son mari Nathan Lerner.
C’est donc un très bel hommage au photographe américain que le Musée d’Art moderne propose, en présentant une large sélection de son œuvre dans une salle de ses collections permanentes.
Infos pratiques
Musée d’Art moderne de la Ville de Paris
11 avenue du Président Wilson- 75116 ParisDu 29 mai au 13 septembre 2015