Caravage au bout du pinceau

Michelangelo Merisi da Caravaggio, quitte la petite ville de Caravage à la fin du XVI ème siècle pour tenter sa chance à Rome.

Dans la Cité des Papes, il choisit de peindre des modèles vivants qu’il rencontre dans les rues et tavernes, des modèles de débauche, aux pieds et cheveux sales, aux ongles noirs, aux trognes peu avenantes, qui boivent, chantent, parlent la bouche pleine, trichent aux cartes et plongent leurs regards dans les décolletés vertigineux et entêtants des femmes qui fréquentent ces bas-fonds sordides.

Occupé durant le jour à la réalisation de guirlandes et de fruits dans l’atelier du chevalier d’Arpin, puis aux commandes religieuses du cardinal Del Monte, Caravage se défoule le soir venu en peignant ses chefs-d’oeuvre naturalistes, cherchant la lumière “comme les papillons de nuit”.

Par sa peinture entre ombre et lumière, son fameux clair-obscur, il se met à peindre la vie de débauche des tavernes romaines qu’il fréquente, s’opposant au classicisme hérité de Michel-Ange et de Raphaël. Son œuvre est puissante,violente, sensuelle et novatrice, elle révolutionne la peinture de l’époque tout en enthousiasmant les collectionneurs car il est l’un des rares artistes, en un seul plan, à concentrer toute l’horreur d’une scène qui a eu lieu hors champ.

Chantre de la BD érotique, Milo Manara nous plonge dans les bas-fonds de Rome, dans les pas d’un Caravage bagarreur qui, de tavernes en palais princiers, est en perpétuelle recherche de modèles pour sa Madone et sa Marie-Madeleine.