13 % de femmes seules sans domicile fixe, en France en + dans les rues. 28 % d’entre elles ont entre 18-24 ans !
7 500 femmes seules ont contacté l’hiver dernier le 115, le numéro d’urgence dédié au sans domicile fixe, soit une hausse de 13 % en un an. Au cours de cet hiver, ce sont plus de 65 000 personnes qui ont appelé le 115 pour, peut être, y trouver un hébergement. Cela représente, certes, une légère baisse (4 %) à la fois du nombre de demandes et du nombre de personnes qui le sollicitent, mais le nombre de SDF à qui le 115 n’a pu trouver une place d’hébergement reste lui, identique et très élevé (57 %) d’une année sur l’autre.
Il faut aussi savoir que faute de places, dans 80% des cas, la solution apportée par le 115 ne dure qu’une nuit. Et la Fnars de souligner : “A la précarité de l’offre s’ajoute donc une discontinuité de la réponse, contraignant les personnes à renouveler leur demande, sans garantie d’être hébergées.” A Paris, le constat est particulièrement préoccupant puisque les demandes d’hébergement y ont, elles, augmenté (+3,80 %), notamment pour les familles (+25 %) et les femmes seules (+10 %), et que le recours à l’hôtel y est en hausse (+19 %), avec des familles de plus en plus éconduites (+14 %).
Autre point des plus préoccupant, le nombre de femmes seules sans abri qui contactent le 115, et qui ont demandé à être hébergées cet hiver ; ce chiffre est en hausse de 13 % alors que les demandes baissent chez les autres catégories (hommes seuls ou familles) ce qui représente 11 % du public. Les femmes seules sont, en outre, plus jeunes que la population générale qui sollicite un hébergement d’urgence, 28 % d’entre elles se situant dans la tranche d’âge des 18-24 ans, ce qui représente 16% de cette catégorie.
« Le public traditionnel à la rue est en train d’évoluer, ce n’est plus le modèle classique de l’homme seul, isolé, vieillissant… » Explique Florent Guéguen directeur général de la Fnars pour qui le parc d’accueil est « inadapté, conçu pour des hommes seuls ». La mixité reste aussi un des problèmes très difficile à gérer. Les femmes seules sont “plus fragiles”, parfois déjà “victimes de violences conjugales”, et doivent avoir, selon le responsable, “des centres dédiés”.
Souvent, d’après l’INSEE, une femme sans domicile fixe sur trois est accompagnée d’enfants avec ou sans conjoint. 49 % des femmes isolées n’ont jamais eu de place d’hébergement après leurs demandes au 115, contre 46 % des hommes isolés. Une situation liée surtout au manque de places spécifiques pour elles, et beaucoup refusant les centres d’hébergement mixtes par crainte d’agressions. Lorsqu’elles sont accompagnées de leurs enfants, elles sont « encore très majoritairement dirigées vers l’hôtel, une solution insatisfaisante, voire contre-productive », souligne encore Forent Guégen.
Conditions de vie désastreuses, pas de possibilité de se faire à manger, peu ou pas d’accompagnement social et favorisant le marché de marchands de sommeil : l’hôtel, un hébergement qui présente trop d’inconvénients, mais auquel on a, heureusement, de moins en moins recours, « un point satisfaisant » pour la Fnars.
Les femmes seules sont majoritairement de nationalité française : 52% l’hiver dernier et 51% celui-ci, contre 38% de la population générale, et 33% d’entre elles sont extracommunautaires, soit une hausse de 4% entre les deux hivers. Cet hiver, 497 678 demandes d’hébergement et de prestations ont été faites auprès des 115 des 45 départements du baromètre 115.
Le baromètre 115 suit chaque mois l’évolution des demandes d’hébergement d’urgence à Paris et dans 45 départements : Aisne, Alpes-Maritimes, Ardennes, Aube, Aude, Aveyron, Bouches-du-Rhône, Calvados, Charente, Charente-Maritime, Côte-d’Or, Côtes-d’Armor, Dordogne, Drôme, Finistère, Gard, Gironde, Hérault, Ille-et-Vilaine, Indre-et-Loire, Isère, Jura, Loire, Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Marne, Mayenne, Morbihan, Nièvre, Puy-de-Dôme, Pyrénées-Atlantiques, Pyrénées-Orientales, Rhône, Haute-Saône, Saône-et-Loire, Sarthe, Haute-Savoie, Yvelines, Somme, Var, Vendée, Vienne, Val d’Oise, Guadeloupe, Réunion.
http://www.fnars.org/images/stories/espace_presse/Barometre115_2016_synthese_hivernale.pdf
Lire aussi : http://www.ceciestunexercice.fr/femme-et-sdf-double-peine/
Photo : Sur les trottoirs de la rue Sainte-Catherine, Sonia se bat pour survivre, sans l’aide de personne ©Amandine Sanial
Diagrammes : Source Fnars