Frank Bowling. Collage
Frank Bowling : Collage - © Frank Bowling. Tous droits réservés, DACS 2025 Courtesy de l’artiste et Hauser & Wirth - Sir Frank Bowling dans son atelier de Londres (2017) © Alastair Levy

Frank Bowling “Collage” : La première exposition personnelle de l’artiste en France, s’intéresse à sa pratique du collage en tant qu’outil à la fois conceptuel et technique.

Sir Frank Bowling OBE RA est reconnu comme l’un des grands peintres contemporains. Né au Guyana en1934, il arrive à Londres en 1953 et obtient la médaille d’argent en peinture au Royal College of Art en 1962.Dès le début des années 1960, Bowling se distingue sur la scène artistique londonienne, en développant unstyle singulier alliant figuration, symbolisme et abstraction.

Après s’être installé à New York en 1966, son adhésion au modernisme le conduit à se concentrer davantage sur le matériau, le processus et la couleur, si bien qu’en 1971, il abandonne le recours à l’imagerie figurative. Les emblématiques « Map Paintings » (1967-1971), qui présentent des étendues terrestres reconnaissables d’Amérique du Sud, d’Afrique et d’Australie peintes au pochoir, figurent sa transition vers l’abstraction pure. Il expose six de ses grandes « Map Paintings » dans le cadre d’une exposition personnelle au Whitney Museum of American Art en 1971. De 1973 à 1978, Bowling expérimente avec les notions de hasard et d’« accidents contrôlés » avec ses saisissantes « Poured Paintings », réalisées en déversant la peinture d’une hauteur de deux mètres. Bowling devient membre de la Royal Academy en 2005, reçoit l’Ordre de l’Empire britannique pour sa contribution aux arts en 2008 et est nommé chevalier à l’occasion de l’anniversaire de la Reine en 2020.

Ses œuvres figurent dans une soixantaine de collections à travers le monde et ont fait l’objet de nombreuses expositions collectives et individuelles, notamment l’exposition itinérante « Mappa Mundi » de 2017 à 2019, la très populaire rétrospective à la Tate Britain en 2019 et l’exposition magistrale « Frank Bowling: Americas », qui a voyagé du MFA Boston au SFMOMA entre 2022 et 2023. En 2022, il est lauréat du prix Wolfgang Hahn, qui récompense des artistes d’exception de la scène de l’art contemporain. Aujourd’hui, la grande maîtrise de Bowling en matière de peinture et ses explorations de la lumière, de la couleur et de la géométrie intègrent l’utilisation innovante d’ammoniaque et de lavis multicouches.

Son incessante réinvention de la surface peinte se poursuit dans ses œuvres récentes, expérimentant avec des empâtements texturés, des gels acryliques, des collages, des toiles cousues ainsi que des pigments métalliques et nacrés. Travaillant quotidiennement dans son atelier du sud de Londres, Bowling demeure inlassablement animé par sa fascination pour les possibilités infinies et radieuses offertes par la peinture.

Frank Bowling. Collage

« Frank Bowling. Collage », la première exposition personnelle de l’artiste en France, s’intéresse à sa pratique du collage en tant qu’outil à la fois conceptuel et technique. Cette exposition rassemble des œuvres réalisées depuis le début des années 2000 jusqu’à aujourd’hui — de fait, à l’âge de 91 ans, Bowling continue de peindre quotidiennement. L’exposition s’articule autour de quatre nouvelles peintures monumentales, présentées dans la galerie du rez-de-chaussée. Ces œuvres de grand format, dont l’impressionnante « Skid » (2023) de 4,4 mètres de haut, composées de plusieurs panneaux, renouvellent son usage des toiles collées et du marouflage, des techniques qui occupent depuis longtemps une place importante dans son processus artistique. L’exposition sera accompagnée d’un programme éducatif, le premier du genre pour notre galerie parisienne.

Porté par la passion commune de l’artiste et de Hauser & Wirth pour l’éducation et la pédagogie, ce programme propose une journée d’étude le lundi 28 avril 2025 dans les espaces de la galerie, ainsi que des ateliers dédiés aux élèves des écoles de la région parisienne. L’attirance de Bowling pour le collage s’inspire en partie des découpages d’Henri Matisse, qu’il découvre pour la première fois à la fin des années 1950, puis à nouveau lors de la rétrospective organisée par le MoMA à New York en 1992.

Dans un article paru dans le numéro d’hiver 1999 de « Modern Painters », Bowling est invité à réfléchir sur sa carrière et à sélectionner une œuvre ayant profondément nourri, voire transformé sa vision artistique. Il choisit « L’escargot » (1953) de Matisse, dont il rend hommage à travers plusieurs de ses collages qui font directement référence au motif en spirale, notamment « Back to Snail » (2000). Les premières expériences conceptuelles de Bowling avec le collage se retrouvent dans ses créations dès les années 1960. En évoquant ses ambitions matérielles, il explique : « Je voulais marier tous ces éléments disparates – la couleur, le maniérisme, le lieu où l’on peint, ce fandango de styles – pour composer une œuvre puissante qui rassemble des aspects de la peinture, de la sculpture et de l’architecture […] s’associant pour former quelque chose de nouveau ».

Les œuvres sélectionnées pour cette exposition témoignent également de l’évolution de l’intégration d’objets trouvés dans la pratique de Bowling. Depuis les années 1980, divers matériaux, tels que des jouets d’enfants ou du matériel médical, ont été incorporés dans ses peintures. Dans « Skid », par exemple, on distingue des fragments découpés dans un sac en plastique médical, un tube en relief, des ficelles et des bandes de toile détachées. Ces éléments, extraits d’un quotidien spécifique, offrent un premier point d’accès à l’œuvre, tout en portant une signification personnelle pour Bowling, dessinant ainsi une sorte de document autobiographique. Ces objets, intégrés directement à la surface plane de l’image avec la fluidité translucide du gel acrylique et de la peinture, rompent et jaillissent de la toile. « J’ai envie d’y jeter des détritus et de les regarder nager avant qu’ils ne se fixent », confie Bowling, « cela me donne l’impression d’avoir une vue d’ensemble sur ce que j’ai traversé dans ma vie ».

Programme éducatif 

L’exposition sera accompagnée d’un programme éducatif, dans le cadre des activités d’éducation globales de Hauser & Wirth. Coorganisée par les universitaires Altair Brandon-Salmon et Ed Kettleborough, cette journée d’études s’articulera autour de trois tables rondes thématiques consacrées à plusieurs facettes de l’œuvre de Bowling : la peinture et le processus, un art transatlantique et le modernisme.

Des spécialistes tels que Ben Bowling, Leon Wainwright, Indie A. Choudhury, Ana Teles, Kate Keohane et Artie Foster interviendront au cours de ces discussions tandis que le public sera encouragé lui aussi à s’exprimer librement en présence des peintures exposées.

Cet évènement est la première rencontre académique dédiée à Frank Bowling depuis sa rétrospective à la Tate Britain à Londres en 2019. Elle représente une opportunité précieuse d’enrichir les perspectives de l’histoire de l’art sur son travail. Dans un souci d’accessibilité et de sensibilisation à l’art, des ateliers destinés aux élèves de cinquième et quatrième des écoles de la région seront organisés dans le cadre de l’exposition. Animés par Susi Sahmland, responsable des programmes éducatifs du Frank Bowling Studio, en collaboration avec l’équipe éducative de Hauser & Wirth, ces ateliers stimuleront la réflexion et l’expérimentation artistique en lien avec l’œuvre du peintre.

Frank Bowling. Collage
Exposition du 22 mars au 26 mai 2025

Hauser & Wirth Paris
26 bis rue François 1er
75008 Paris

https://www.hauserwirth.com/

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