MENA 2024
MENA 2024 - Photo : Ekin Akalin

Après à l’atmosphère luxuriante de l’année dernière, l’édition 2024 de la foire d’art de l’Afrique du Nord et du Moyen Orient (MENA) a eu lieu dans le Marais.

La Femme – La Vie – L’Art à la rue Saint Merri
Par Ekin Akalin : Expert des arts de l’Islam auprès de Fnepsa

Après à l’atmosphère luxuriante de l’année dernière, l’édition 2024 de la foire d’art de l’Afrique du Nord et du Moyen Orient (MENA) a eu lieu dans le Marais. Au sein la Galerie Joseph, le choix du nouveau site a permis d’approcher la foire des galeries parisiens, situés pour la plupart dans le Marais. La publication du catalogue raisonné des œuvres exposés est également une nouveauté de cette édition.

Cette année, la foire réunit 29 galeries et 92 artistes de la région de Mena, autour du thème de la féminité. Le comité d’organisation présidée par Laure d’Hautelleville explique ce choix par des mots qui rappellent le slogan « vie, femme et liberté » des manifestations suite à l’assassinat de Mahsa Amini ; « malgré les entraves et les obstacles, ces héroïnes de l’art  ont trouvé le courage de s’affirmer, élevant leur voix avec passions pour redéfinir le paysage artistique de leurs société et au-delà, transformant l’art en un puissant cri de résistance, en un appel au progrès social, en une célébration éclante de la vie ; une ode éblouissante qu’incarne l’art au féminin ».

La foire s’ouvre aussi bien à l’art contemporain et qu’à l’art moderne. Les œuvres des maitresses de l’art moderne telles que Etel Adnan étaient présentes. Certaines des œuvres de la peintre et la poétesse américano-franco-greko-libanaise, dont le côte actuel est relativement élevé dans le marché de l’art, étaient également visibles à l’exposition Présence Arabe, fermé au mois de Septembre 2024.

Concernant la place des médias numériques, MENA poursuivait la tendance de Paris + de 2023, tout en l’accentuant. La foire avait le mérite de s’éloigner du fétichisme numérique : seule une galerie était dédiée à la photographie contemporaine, qui lui-même était exposée à travers l’écran. En revanche, la foire a le mérite d’accueillir de nombreux œuvres qui interrogent le lien entre les médias classiques et les médias numériques.

Le thème de l’écologie occupait une place majeure dans la réflexion des artistes. Parmi ceux-ci, le travail de Maryam Khosrovani sur le jardin persan est singulier. Son dessin représentant une rose pixelisé a également été un des coups de cœur des organisateurs. Sa technique consiste en l’assemblage des papiers coloré à l’encre sous une même forme.

Née à Isphahan, grandie aux Etats-Unis et actuellement basée à Paris, Maryam Khosrovani est représentée par la galerie Écho 119, situé dans le Marais. L’iconographie fragmentaire dont elle se sert, est issue de l’héritage architecturale tridimensionnelle de lspahan. Parmi ces monuments, la Mosquée de vendredi de Ispahan fait partie de la liste du patrimoine mondiale de l’Unesco, depuis 2012. Construit entre 8e et 11e siècles, ce chef-d’œuvre se caractérise par son plan en « iwan » et sa décoration en « muqarnas », une ornementation en bar haut-relief qui créé un sentiment de fluidité dans les intérieures.

Représenté par la Galerie Le Comptoir des Mines à Marakesh, le travail de Fatiha Zimmousi met au jour une expression écologique également. Son travail transforme la terre en une matière plastique, dans son état brisé et morcelé en faisant allusion à la céramique chinoise. La coordinatrice Esther Manceri m’explique que l’artiste exploraient d’autres expressions écologique lors de ses travaux précédents, comme sa série dédiée au chaux. Au Comptoir des Mines, Khadija Leyli se focalise sur le feu, à partir de son vécu personnel, d’une façon surprenante.

Une des artistes les plus attendue de la foire a sans doute était Zineb Mezzour. Exposé de manière monotone par la galerie Myriem Himicch, son travail tridimensionnel se concentre à la question de la liquidité. Actuellement son travail reste dans les limites de l’ornement. Son travail représente du potentiel pour l’avenir.

Malheureusement le projet sur le Shahname discrédite la foire. Le projet a pour objectif de contester à la spoliation des manuscrits. Rédigé par Ferdawsi à l’extrême fin du 19e, cet ouvrage occupe une place primordiale dans l’histoire littéraire du monde musulman. Ses nombreux copies représentent les chefs-d’œuvre des arts de l’Islam. La volonté de réunir les milliers de pages constituées dans les musées les plus prestigieux tels que la Librairie Chester Beatty à Dublin ou le Musée de Metropolitan à New York reste une utopie.

Sur le plan démographique, les artistes du monde turc était majoritairement absent à la foire. De même, la sous-représentation des artistes issus de la minorité du monde musulman tels que les Grecs, les Juifs est également un problème sur lequel les organisateurs devront se pencher l’année prochaine.

En terme générale, 5.832 personnes ont visité la foire. Comparé aux autres foires telles que Paris +, les prix sont plus intéressants. Les œuvres originales commencent de 100 euros. La sommes des œuvres vendues à la foire remontent à un million d’euros.

Au final, l’événement a su ne pas tomber dans les clichés orientalistes et a réussi à concentrer au pouvoir de l’expression. Cela dit, les organisateurs doivent faire beaucoup plus d’attention aux sujets liés à l’histoire du monde musulman, un meilleur conseil sera le bienvenu l’année prochaine.

Avec l’édition 2024, la foire commence à obtenir une place niche dans le marché, notamment grâce au choix soigné du lieu, la mise à disposition d’un catalogue raisonné et le choix d’un grand nombre d’artiste avec un grand potentiel.

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