Sirènes : A quoi ressemblerait réellement une femme mi poisson mi humaine si elle nous apparaissait aujourd’hui ?
Jouant des codes du zoo et des spectacles d’otaries, Hélène Bertrand, Margaux Desailly et Blanche Ripoche créent un véritable vivarium scénique dans lequel elles multiplient les expériences scientifiques, poétiques et plastiques pour disséquer le mythe de la sirène.
Spécialistes, dompteurs et sirènes se rencontrent et se métamorphosent dans un grand ballet visuel décapant, poétique et drôle pour mieux libérer nos imaginaires et questionner notre rapport aux fictions, aux savoirs, et aux croyances avec humour et désinvolture.
Sirène Siren, Sirena, emprunté au grec ancien Σειρήν, Seirḗn sirène \si.ʁɛn\ féminin (pour un homme on dit : triton)
Les sirènes
sont directement liées à la femme et à une représentation du féminin : le glamour, l’érotisme, la tentation, la cruauté, ou encore la naïveté voire l’idiotie… Nous voulons interroger ces différents aspects, comprendre ce qu’ils symbolisent pour mieux les renverser. Nous voulons multiplier les tentatives d’incarnation de la sirène ; explorer sa nature animale en la débarrassant des attributs qu’on lui connaît, explorer une forme de nudité brute, désexualisée, non genrée, inculte, puis la revêtir de tous ses clichés dans une mise en scène de grand show de parc d’attraction. Donner corps sur un plateau à une figure aussi multiple que mystérieuse, c’est l’expérience que nous proposons dans ce spectacle.
Les spécialistes
En exposant des sirènes dans un zoo nous voulons interroger les individus et les mises en scène qui ont autorité sur le réel, ces situations où l’on parle “à la place de”, où l’on produit un discours spécialisé sur des êtres et des choses qui par leur nature nous échappent. La figure du spécialiste a pris part à l’architecture de notre imagination. Il a écrit l’histoire, la science, la littérature…. Le temps passant, certaines de ces architectures apparaissent comme désuètes et dans le pire des cas problématiques. Nous voulons à travers ce spectacle tourner en dérision ce pouvoir du “sachant” et explorer nos espaces irrationnels, inconscients, bruts. Nous avons l’intuition que ces espaces demeurent des territoires mouvants dans lesquels nous pourrons grâce à l’humour et la poésie nous mettre en quête d’autres fictions et donc d’autres réalités.
Le zoo
Au zoo, la nature est aménagée. Les espaces et les animaux y sont préservés mais aussi façonnés, acclimatés, domestiqués et exposés pour devenir des êtres aimables, des êtres de divertissement. En créant les zoos, l’humain met en scène la nature. Une nature de laquelle il s’extrait lui-même. L’homme “moderne” y expose des “sauvages” à l’époque des expositions coloniales. On y expose aujourd’hui des animaux. Par leur nature mi-femme mi-animale, les sirènes dans leur enclos nous permettent de traiter ces deux aspects du zoo et d’interroger notre rapport à l’altérité. Nous voulons interroger quels imaginaires et quels récits produisent les zoos. Penser notre position de regardant sur “l’autre monde”, ce monde naturel, sauvage, auquel nous nous efforçons de ne pas appartenir.
Le divertissement
On a appris aux éléphants à déboucher des bouteilles de vins, aux chevaux à saluer ou aux singes à parler la langue des signes. On domestique l’animal pour le rendre accessible, reconnaissable, un peu plus proche de nous… La sirène se coiffe, se regarde dans un miroir, chante, c’est du moins ce qu’on attend d’elle. Comprendre la société du spectacle c’est aussi s’interroger sur l’envers du décor : quels sont les mécanismes du divertissement, cette entreprise à rêves ou certain.e.s travaillent à en faire rêver d’autres ? Nous voulons montrer ces corps contraints qui exécutent sans conscience des numéros, questionner la mise en scène des espèces et ce qu’on leur fait faire pour les rendre spectaculaires, en accord avec nos fantasmes.
Sirène s’ouvre avec cette question : A quoi ressemblerait réellement une femme mi poisson mi humaine si elle nous apparaissait aujourd’hui et qu’en ferait-on ?
Imaginez un vivarium dans lequel trois actrices deviennent sirènes. À mesure qu’elles entament leurs mues, un flux de questions jaillit : que véhicule ce récit d’une femme aquatique qui chante superbement mais dont le corps est entravé par une queue de poisson ? Comment échapper aux canevas moraux que nous lèguent les mythes ?
Bien loin du caractère sensuel et sexuel que nous lui connaissons, la sirène serait-elle plus proche du phoque ou de l’otarie. Étudiée par des spécialistes, disséquée par des scientifiques, elle finirait très probablement exposée dans un jardin d’acclimatation livrée au regard des visiteurs. Du moins, c’est le postulat que nous faisons. Dans ce spectacle la sirène est un point de départ pour questionner nos fictions. Y compris les fictions qui, au fil de l’histoire, sont devenues réalité : celle, par exemple, d’une nature sauvage devant être domptée par l’homme.
La compagnie 52 Hertz
52 Hertz est une baleine. Solitaire, inconnue, elle est incomprise par ses semblables. Elle chante à une fréquence qu’aucune baleine ne peut entendre. Hybride ou dyslexique, elle parcourt l’océan seule, malgré ses tentatives de communication qui restent sans réponse. Encore jamais observée par l’humain.e, seul son chant nous parvient.
Pour nous, 52 Hertz est ce qui nous échappe, ce que l’on entrevoit sans pouvoir l’atteindre et dont l’échos lointain inspire l’imaginaire et les récits.
La compagnie 52 Hertz rassemble 3 comédiennes – metteuses en scène rennaises tournées vers la création contemporaine. À la recherche de nouveaux récits, nous explorons des formes artistiques hybrides et travaillons collectivement à agrandir nos imaginaires, à inventer de nouveaux paradigmes. Le premier spectacle de la compagnie est une création collective, Sirènes.
Dates :
- Mars 2023 : ven. 24 sam. 25 et/ou dim. 26 (horaires et dates en cours de précision) Festival Wet °7, Tours
- Avril 2023 : mar. 11 > 21h + mer. 12 > 19h / Théâtre de la Paillette à Rennes, dans le cadre du festival Mythos
- Mai 2023 : 11 > 15 / mer. jeu. ven. > 20H / sam. > 18h / dim. > 15h30 / Théâtre Gérard Philipe, Saint-Denis
CONTACTS: cie52hz@gmail.com
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