Si dans la décennie à venir, le nouveau Picasso pourrait être une intelligence artificielle, aurait-il un grand intérêt pour la collectivité ?
L’intelligence artificielle (ou IA) est de plus en plus présente dans notre quotidien, notamment au travers de nouveaux produits ou services. Elle repose cependant sur des algorithmes gourmands en données, souvent personnelles, et son usage nécessite le respect de certaines précautions. Pour la CNIL, l’intelligence artificielle n’est pas une technologie à proprement parler mais plutôt un domaine scientifique dans lequel des outils peuvent être classés lorsqu’ils respectent certains critères. Pour se familiariser avec ce domaine, il peut être utile de se référer au glossaire de l’IA publié par la CNIL.
Pour le Parlement européen, l’intelligence artificielle représente tout outil utilisé par une machine afin de « reproduire des comportements liés aux humains, tels que le raisonnement, la planification et la créativité ».
Comme toute nouvelle technologie, les systèmes utilisant de l’intelligence artificielle sont encore sujets à des défaillances, à des attaques, ou peuvent avoir des impacts encore insoupçonnés sur les individus et sur la société. Sans remettre en cause les avantages que peuvent proposer ces systèmes, il est néanmoins primordial de connaître les risques auxquels ils exposent les utilisateurs.(Source : la CNIL)
Dans le magazine Marianne on peut lire : “Dans un rapport publié le 20 février2022, 26 experts issus d’universités prestigieuses (Yale, Oxford, Cambridge, Stanford) et d’organisations non-gouvernementales (le Centre pour une Nouvelle Sécurité Américaine, l’Open AI, groupe de recherche financé par le milliardaire Elon Musk, et la Fondation de la Frontière Electronique) estiment que le développement de l’Intelligence artificielle pourrait entraîner une explosion de la cybercriminalité.” Dans une centaine de pages, ils mettent en garde contre les dangers du développement de l’intelligence artificielle, appelant à l’ouverture d’un grand débat sur son développement.
A l’occasion d’une table ronde collective et citoyenne sur l’usage de l’intelligence artificielle dans l’art, le LICA (Laboratoire d’Intelligence Collective Artificielle) s’est penché sur ce nouvel enjeu, poussant la réflexion aussi bien sur l’aspect juridique que philosophique. Si dans la décennie à venir, le nouveau Picasso pourrait être une intelligence artificielle, aurait-il un grand intérêt pour la collectivité ?
Appliquée dans bien des domaines, l’intelligence artificielle permet dorénavant de générer du contenu artistique. Pourtant, plusieurs points sont encore à définir et des freins subsistent. Techniquement en 2030 Picasso sera une IA car elle sera la résultante de puissants algorithmes en capacité de création. Rafael Torres, ingénieur chef de projet numérique au LICA, apporte son éclairage sur ce nouvel enjeu de société.
Tout d’abord d’un point de vue technique, l’IA en tant que telle est data-driven, c’est-à-dire qu’elle est alimentée par une ou plusieurs bases de données. Par conséquent, elle va se contenter d’imiter ce qu’elle “connaît”. La compréhension du monde dépend donc de cette base qui pourra être erronée voire orientée, d’autant plus que certains problèmes de société peuvent être difficiles à appréhender pour des algorithmes. Cet aspect éthique prend alors toute son importance pour ne pas déformer la réalité. Sans base de données visuelles, l’IA est alors incapable de générer du nouveau contenu, contrairement à un artiste qui a cette capacité innée de créer à partir de rien.
Ensuite d’un point de vue légal, le droit d’auteur actuel ne s’applique pas encore aux IA en France. La question de la propriété intellectuelle se pose toujours: Qui est l’auteur d’une œuvre créé par une IA ? le programmeur, l’artiste utilisateur du programme, les ayants droits des bases de données exploitées ? Au Royaume Uni par exemple, l’artiste humain reste au commande et propriétaire de ce qui est généré.
Enfin, d’un point de vue philosophique, si l’IA est capable de générer une œuvre d’art qui plaira à l’œil humain, elle ne sera sans doute pas considérée comme artiste ou créatrice pour l’ingénieur au LICA. Cette dimension revient à repenser la notion de créativité et comprendre si une IA peut faire preuve de créativité, comme un humain. De même, l’IA n’a pas d’intention, contrairement à l’artiste humain qui va vouloir s’adresser à ses contemporains. L’IA est avant-tout aujourd’hui un outil créatif auquel un artiste, qui a des intentions, va utiliser pour ensuite faire du post-processing, à savoir un travail de traitement sur l’œuvre qui a été généré.
Pour Rafael Torres – Chef de projet IA : “Comment créer une IA éthique qui soit capable à la fois de comprendre notre monde aussi complexe et diversifié, et d’être objective. L’IA ne fait qu’imiter notre intelligence. Dans les faits, l’IA qui existe aujourd’hui est faible dans la mesure où elle est juste capable de résoudre des tâches basiques. Il faudrait développer une IA forte plus globale mais celle-ci n’existe pas encore. En effet, il faut inventer différentes capacités cognitives à connecter mais on est encore loin de cette notion”.
L’IA, désigne des systèmes ou des machines imitent l’intelligence humaine pour effectuer des tâches et qui pourraient s’améliorer de manière itérative en fonction des informations qu’ils recueillent. Reconnaissance faciale, assistant intelligent, voiture autonome, laisserons-nous ces systèmes interpréter nos scanners médicaux ou rendre la justice ? L’automatisation du travail touchera-t-elle tout le monde ? Comment éviter les dérives éthiques ? L’intelligence artificielle suscite, quoi qu’il en soit de nombreux débats !
Lire également : https://lejournal.cnrs.fr/dossiers/comment-lintelligence-artificielle-va-changer-nos-vies
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