L’histoire de Curaçao depuis le XVIe siècle est intrinsèquement liée à celle du grand commerce esclavagiste. Au XVIIe siècle, le port de Curaçao était le principal port du commerce des esclaves aux Caraïbes. Les bateaux en provenance d’Afrique y accostaient et débarquaient les esclaves, ensuite répartis entre les différentes destinations et disséminés dans les autres îles des Caraïbes. Repaire de pirates et de boucaniers, elle est d’abord habitée par les Amérindiens Arawaks (Caquetios) venant du Vénézuela.
En 1499, l’explorateur espagnol Alonso de Ojeda accoste sur l’île de Curaçao, dont il prend possession au nom de l’Empire d’Espagne, et décime la population Arawak. Au XVIIe siècle, elle est occupée par la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales qui en fait son port d’attache dans la mer des Caraïbes. L’île devient une plaque tournante du commerce de tabac et de cacao. Elle fut également le refuge pour les communautés opprimées d’Europe et d’Asie mineure comme les juifs espagnols et les chrétiens du Proche-Orient, et cela dès le début de l’occupation néerlandaise.
L’île de Curaçao aux Petites Antilles, dans les Caraïbes, est aujourd’hui un état autonome appartenant au Royaume des Pays-Bas, depuis la dissolution de la fédération des Antilles néerlandaises le 10 octobre 2010.
BULADÓ a été entièrement tourné à Bandabou, une région au nord-ouest de Curaçao.
Dans ce film le réalisateur Eché Janga mêle à la tradition mythologique afro-caribéenne, dans laquelle résonne l’histoire de l’esclavage, une quête personnelle de liberté. L’idée de ce long métrage lui est venue en découvrant une histoire écrite par son oncle, Orlando, un homme très spirituel qui lui a également inspiré le personnage du grand-père, Weljo.
L’histoire est adaptée d’une légende relatant les tentatives d’évasion désespérées d’esclaves locaux qui cherchaient à se libérer des mines de sel. Dans la légende, les esclaves en fuite pouvaient se rendre sur une montagne voisine d’où ils sauteraient. Des ailes leur pousseraient alors et les ramèneraient en Afrique, vers leur liberté. Cette histoire est transmise oralement de génération en génération. Chacune y ajoute sa propre interprétation, mais l’essence reste : la quête de liberté. Le film témoigne de la valeur inestimable des récits oraux, qui font partie intégrante de la culture afro-caribéenne.
“Dans la culture afro-caribéenne, beaucoup de choses sont passées sous silence. Les générations plus âgées parlent rarement du passé, même si cela commence à changer. C’est à la fois la poésie et la brutalité qui caractérisent l’île, que j’ai essayé d’intégrer aux dialogues de BULADÓ. Ecrire ce film m’a fait réfléchir à l’environnement culturel dans lequel nous grandissons, à l’importance d’y trouver sa place et les chemins à emprunter pour y parvenir. En plus de « naviguer entre les cultures, la spiritualité et la raison », la vie et la mort jouent un rôle important dans le film. Je pense que la mort est inséparable de la vie et je sais, de par mon expérience, à quel point la spiritualité peut être une source de réconfort lorsque l’on perd un parent. Elle donne la force et le courage de se dépasser.” Esther Duysker, co-scénariste.
Synopsis
Kenza, 11 ans, vit sur l’île de Curaçao avec son père et son grand-père, deux hommes que tout oppose. Entre modernité et respect des traditions spirituelles ancestrales, la jeune fille tente de faire le deuil de sa mère qu’elle n’a jamais connue. Forte, courageuse et déterminée, elle devra, tout en surmontant la douleur, trouver son propre chemin.
“En tant que réalisateur, j’essaie de montrer l’insaisissable. Dans BULADÓ, l’insaisissable est au premier plan et prend la forme du mysticisme. Dans la culture afro-caribéenne, ce mysticisme est beaucoup plus présent que dans la culture occidentale. Comme je suis un descendant des deux cultures, je joue avec ce contraste dans mon film. L’histoire est tirée d’une vieille légende d’esclaves transmise depuis des générations dans ma famille.” Eché Janga, réalisateur.
Bulado d’Eche Janga, le 9 février dans les salles !
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