Figure emblématique de la photographie Sudafricaine, Jürgen Schadeberg, rare témoin blanc accepté par la communauté noire, ses reportages apporteront au monde un autre regard sur l’Afrique du Sud et sa réalité.
Figure emblématique de la photographie Sudafricaine, Jürgen Schadeberg (1931-2020) était l’un des membres fondateurs du magazine iconique Drum, il est considéré comme le père de la photographie Sud-Africaine. Il décide en 1950 de rejoindre sa famille en Afrique du Sud, pays considéré alors en Europe comme la terre de toutes les promesses. Cette époque marque la mise en place officielle des lois de ségrégations raciales et le début de la répression impitoyable du régime de l’apartheid. Il couvre toutes les contestations d’alors et notamment les premiers discours de Nelson Mandela.
Ayant grandi au coeur l’idéologie nazie, choqué par le régime raciste qu’il découvre, le jeune Jürgen est très vite happé par l’énergie culturelle, artistique, politique et sociale de la communauté noire; ses reportages sur l’injustice sociale, capturant la dimension humaine et émotionnelle des conséquences de l’apartheid, seront systématiquement refusés par les rédactions de l’époque.
Ses photographies sont entrées dans l’histoire documentant, dès les années 50, l’apartheid et la vie des quartiers noirs de Johannesburg. Il a réalisé parmi les plus célèbres portraits de Nelson Mandela qu’il suivra jusqu’à sa libération, ainsi que de nombreuses personnalités politiques – Walter Sisulu, Oliver Tambo, Trevor Huddleston et Govan Mbeki, musiciens et chanteurs de la scène jazz devenus légendaires – Miriam Makeba, Hugh Masekela, Thandi Klaasen ou Kippie Moeketsi, captant la frénésie créative de l’époque dans la danse, la mode et la musique.
Ses reportages témoigneront de la violence du régime et de l’énergie vibrante de la vie quotidienne des townships. Rare témoin blanc accepté par la communauté noire, ses reportages apporteront au monde un autre regard sur l’Afrique du Sud et sa réalité.
Alors que la pression de la police politique se resserre autour de lui, il quitte l’Afrique du Sud en 1965. Il y retournera 20 ans plus tard, documentant alors l’élan d’espérance de l’émergence de la nation Arc-en-Ciel jusqu’à la désillusion actuelle.
Incontournable, son oeuvre remarquable a fait l’objet de nombreuses expositions à travers le monde. Seule La Maison Européenne de la Photographie lui avait rendu hommage en France dans une exposition collective “Survivre à l’apartheid“ en 2002, réalisée par Caroline Bourgeois.
Avant son retour en Afrique du Sud en 1985 Jürgen Schadeberg vivra à Londres, en Espagne, à New York et en France. Il enseignera la photographie à la New School de New York et à Central School of Art and Design de Londres et sera commissaire de nombreuses expositions.
Pour Jürgen Schadeberg, une image ne pouvait être capturée sans la vivre. Dans la lignée du photographe Henri Cartier Bresson, son oeuvre témoigne de cette recherche permanente de l’instant, “la photographie est comme actionner le bouton pause de la vie; vous capturez un moment qui disparaîtra pour toujours, impossible à reproduire.” Son approche de la lumière, son sens de la composition et les sujets investis marquent la singularité de son travail.
Aujourd’hui Bonne Espérance Gallery réunit une sélection d’oeuvres historiques de ce photographe pour qui l’art du document fait l’histoire. Jürgen Schadeberg, disparu cette année, a laissé un témoignage unique de l’histoire de l’Afrique du Sud; célébré dans les pays anglo-saxons, une large sélection de son travail est pour la première fois visible à Paris.
L’exposition est ouverte jusqu’à fin février 2021 au 3 rue Notre Dame de Bonne Nouvelle du mardi au samedi de 12H à 19H et sur rendez-vous.
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