WOMEN AT WORK est la première exposition thématique d’Ali Kazma. Une exposition engagée, et féministe.
En réexaminant la présence des femmes dans ses oeuvres, et ses films, Ali Kazma se dit fier de ces réalisations : « Toutes les femmes que j’ai filmées sont des femmes extraordinaires et il m’est apparu qu’elles devaient se parler, dialoguer au sein d’un même espace d’exposition et nous donner à penser, à repenser nos positions. Nombre des femmes que j’ai filmées sont des “femmes– frontières“ comme je les appelle, des femmes qui explorent de nouveaux espaces et mon travail va contribuer à faire savoir aux femmes, mais aussi aux hommes, qu’il est de nombreux domaines où elles sont aussi fortes, voire plus fortes qu’eux. »
Depuis deux décennies, Ali Kazma filme le travail, le corps, et le corps au travail. Et pour la première fois, à ANALIX FOREVER, l’artiste présente une exposition monographique dédiée au travail des femmes : WOMEN AT WORK, sa première exposition thématique. Une exposition engagée, et féministe.
Si le thème « femmes et féminisme » ne semble pas de prime abord évident à l’amateur de vidéos qui suit le travail d’Ali Kazma, il faut néanmoins reconnaître d’emblée que sur la soixantaine de vidéos produites aujourd’hui par l’artiste turc, plus d’une dizaine sont consacrées à des femmes au travail : travail créatif, ouvrier, artistique, scientifique, manuel, industriel, physique, sportif, et au travail sur soi.
Et si le travail d’Ali Kazma ne nous apparaît pas d’emblée comme celui d’un artiste qui s’intéresse aux femmes et à leur travail, c’est que pendant des années, ce n’était même pas le cas pour lui. Il l’explique très bien luimême : « Pendant longtemps, quand je filmais, je ne pensais pas “femme“ ou “homme“, en tous cas pas consciemment. La manière dont je choisissais mes sujets n’était nullement genrée, mais guidée par mon 2 intérêt pour un domaine, ou une personne particulière. Et en pensant à des femmes puissantes, je ne pensais pas non plus “genre“, car, à l’époque, je ne voyais pas vraiment de différence entre une femme puissante et un homme puissant. »
Mais en 2019, en filmant la championne de dragster Anita Mäkelä, Ali Kazma réalise qu’il existe dans de ce qu’il est en train de filmer un certain nombre de spécificités « femmes ». Il décide alors de réexaminer son propre travail, et de creuser cette question du genre.
« Cela m’intéresse d’être proche de ces femmes-là, et de produire des représentations de qui elles sont. C’est bon d’être avec elles. C’est un privilège. C’est plus calme, plus facile, meilleur d’être avec quelqu’un qui a ses propres priorités, des priorités qui n’appartiennent qu’à elle, c’est facile alors d’avoir une relation d’égalité et ce sont ces relations là que j’aime : les relations d’égalité. »
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« Tu sais, je vois beaucoup de femmes qui sont tristes, des femmes qui, plus jeunes, ont fait des choses passionnantes, mais qui semblent l’avoir oublié : soudain elles veulent la relation romantique d’abord – et elles se perdent et tu les perds… Alors, ce que dirais à ma nièce ? poursuit-il. Je lui dirais : ‘D’abord, ne fais pas de plans qui dépendent d’un homme ni d’une femme, ni quoi que ce soit qui te rende dépendante de qui que ce soit. Et ne mets pas l’attachement romantique au centre de ta vie. Et puis, fais ce que tu aimes, puis travaille très très dur, engage-toi, afin d’acquérir ton autonomie dans le monde. Ne te laisse pas capturer par le monde, suis ton propre chemin, et travaille. »
Barbara Polla pour artsixMic
WOMEN AT WORK
Exposition du 4 septembre au 20 novembre 2020
Analix Forever
Rue du Gothard 10
1225 Chêne-Bourg
Suisse
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