Sophie s’était pourtant jurée de ne jamais retourner à Cannes, trop épuisant, trop oppressant, trop déstabilisant, trop de monde aussi et pas assez de possibilités pour se baigner, sa grande passion, dès qu’elle voit la mer, est de plonger dedans été comme hiver, mais plus la date du Festival approchait, plus elle se souvenait de son excitation d’avoir réussi à parler avec Robert Pattinson l’année dernière.
– Et puis ce sera le bon prétexte pour créer enfin mon blog, se justifie-t-elle auprès de Géraldine qui lui demande ce qu’elle va y faire.
Pour organiser son séjour, Sophie n’a pas trente-six mille solutions, surtout qu’à force de tergiverser, j’y vais, j’y vais pas, la cérémonie d’ouverture est demain et elle n’a toujours pas de logement. Et quand Sophie a un problème, elle n’a qu’un nom qui lui vient en tête : Sylvain. Sans hésiter, elle téléphone à son ex.
– Allô, Sylvain, tu ne m’as pas dit que ta nouvelle copine avait un appartement à Cannes, tu crois qu’elle me logerait ? – Ben, non. – Ah bon ? Pourquoi ? – À ton avis ? Dans le taxi qui la conduit à la gare de Lyon, Sophie rêve que son voisin tombe sous son charme.
– Venez, jolie Sophie, je vous invite dans mon penthouse de 600 mètres carrés avec piscine à deux pas du Palais. Je suis un grand pote de Léonardo di Caprio, il ne pourra qu’apprécier l’état d’esprit joyeux de votre blog, vu que vous mangez Demeter, le label encore mieux que bio, il serait même capable de vous emmener faire avec lui le tour du monde pour sauver la planète, sa dernière lubie, le cinéma le fait chier, le pauvre chéri.
En guise de voisin, c’est une voisine. Brune. La cinquantaine, plutôt jolie femme. Et très bavarde. À Aix-en-Provence, elles en sont déjà aux confidences.
– Je viens de rencontrer quelqu’un, je l’adore, mais j’ai l’impression qu’il est encore amoureux de son ex. – Il s’appelle comment ? – Sylvain ? – Gloups, fait Sophie qui trouve la coïncidence énorme. – Et toi, Sophie, tu as quelqu’un dans ta vie ? – Ne m’en parle pas, ment Sophie, je viens de me faire larguer, je devais dormir dans sa chambre au Martinez, du coup, je suis obligée de séjourner chez la vieille tante de ma copine Géraldine au Cap d’Antibes, autant dire que je suis en galère. – Écoute, tu es tellement sympa, viens dormir chez moi. – Et ton Sylvain ? – Imagine-toi qu’il ne veut pas monter les marches avec moi, alors quand il va apprendre que je vais sortir tous les soirs avec toi, il va être vert. – Parce que tu comptes ne plus me quitter ? – Tu ne m’as pas dit que tu étais journaliste ? Tu as tes entrées partout, non ? – On peut dire ça comme ça.
à suivre…
“Sophie fait son blog à Cannes” par Sylvie Bourgeois pour artsixmic
* parus chez Flammarion (Sophie à Cannes, Sophie au Flore et prochainement Sophie à Megève)
